Sommet de Genève : retour sur la rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden
Joe Biden et Vladimir Poutine se sont entretenu pour la première fois à Genève alors que les désaccords se sont multipliés sur de nombreux dossiers. A l'occasion de leurs conférences respectives, les dirigeants ont salué une rencontre positive.
Comment cette rencontre a-t-elle été perçue par les Américains ? Les explications de notre reporter Thomas Bonnet, depuis Washington.
Gabriel Galice, président de l'Institut international de recherches pour la paix, estime que «l'approche multilatérale» demeure la plus efficiente pour régler certains dossiers qui opposent Washington et Moscou. L'ONU doit selon lui jouer à ce titre un rôle plus pondérant en permettant de discuter de l'ensemble des contentieux.
Pour Pierre Guerlain, professeur émérite et spécialiste des Etats-Unis, la rencontre entre les président russe et américain traduit «un retour de la diplomatie» entre les deux Etats malgré les nombreux points d'achoppement existants.
Joe Biden a estimé que Vladimir Poutine ne cherchait pas une «Guerre froide» avec les Etats-Unis.
Sur le dossier du nucléaire iranien, le président américain a affirmé que Vladimir Poutine avait convenu de s'investir afin que l’Iran ne se dote pas de l’arme nucléaire.
Interrogé sur l’ingérence supposée de la Russie dans les élections américaines, le président américain a déclaré que Vladimir «savait» qu’il prendrait des mesures pour que ces agissements ne se poursuivent pas. «Comment serions-nous perçus si les Etats-Unis pratiquaient ce type d’ingérence ?», s’est-il interrogé.
Sur la cybersécruité, le président américain a déclaré avoir fait part à son homologue russe que certaines infrastructures «ne devaient jamais être attaquées», précisant que les deux pays avaient convenu de mandater des experts afin d’encadrer les pratiques.
Le président américain a dit «clairement» au président russe qu’il s’opposait au traitement réservé à Alexeï Navalny et qu’il s’inquiétait de la situation en Biélorussie.
En préambule, Joe Biden a qualifié cette rencontre de «très directe», précisant qu’«il n’y a rien qui puisse remplacer le dialogue en tête-à-tête». Le président américain a par ailleurs affirmé qu’il n’avait «rien contre la Russie» mais qu’il devait jouer son rôle, notamment en s’opposant contre «les violations des droits de l’Homme».
C'est au tour du président américain Joe Biden de tenir une conférence de presse.
Pour la première fois, les présidents américain et russe, Joe Biden et Vladimir Poutine, s'entretiennent ce 16 juin à Genève en Suisse dans un contexte particulièrement tendu. D'après la Maison Blanche, l'objectif de cette rencontre est de rendre les relations entre les deux pays plus «stables et prévisibles» là où Vladimir Poutine espère que des «mécanismes de coopération» soient mis en place dans plusieurs domaines. Les deux partagent un constat commun : les relations entre les deux pays sont «au plus bas».
Joe Biden et Vladimir Poutine se retrouveront à la villa La Grange, une bâtisse du XVIIIe siècle située au cœur de la ville de Genève. Selon le Kremlin, les discussions débuteront à 13h (11h GMT) et devraient durer entre quatre et cinq heures. Au programme : une rencontre en format réduit (les présidents américain et russe ainsi que les chefs de la diplomatie Antony Blinken et Sergueï Lavrov) avant une séance de travail élargie.
Les sujets de désaccord sont nombreux : Ukraine, Biélorussie, Alexeï Navalny, cyberattaques, rapprochement de l'OTAN, etc. Washington a sanctionné Moscou à plusieurs reprises et la Russie a répondu par des contre-sanctions, jugeant néanmoins qu'il n'était dans l'intérêt de personne de se livrer à une telle politique. Autre signal fort : les deux Etats n'ont plus d'ambassadeurs dans leurs capitales respectives.
Des rencontres préparatoires «constructives» mais pas de conférence de presse commune
La rhétorique américaine consiste à dénoncer le comportement «agressif» de la Russie qui rejette de son côté toutes ces accusations et qui dit n'aspirer qu'à un dialogue «honnête» dans le respect de ses intérêts nationaux. Le président Joe Biden, qui vient de participer à un sommet de l'OTAN, a annoncé le 14 juin qu'il allait dire franchement à son homologue russe quelles étaient les «lignes rouges» à ne pas franchir. De son côté, le chef de la diplomatie russe a estimé le 9 juin que «la normalisation des relations russo-américaines [...] n'était possible que si les principes d'égalité, de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures» étaient respectés, ajoutant que pour «danser le tango», il fallait être deux.
Si les rencontres préparatoires à ce sommet ont été jugées «constructives» des deux côtés, notamment le premier face à face, en mai, entre Sergueï Lavrov et son homologue américain Antony Blinken qui a eu lieu en Islande, les deux dirigeants s'exprimeront à l'issue de cette rencontre chacun de leur côté sans tenir de conférence de presse commune.