Interdiction de survol de ciel biélorusse : pour Moscou, l'Occident «met en danger» les passagers
La diplomatie russe a condamné les décisions européennes de contourner le ciel biélorusse, en réaction au détournement vers Minsk d'un avion de ligne dans lequel se trouvait un journaliste et opposant.
Alors que l'Union européenne a recommandé aux compagnies aériennes de contourner le ciel biélorusse, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a dénoncé un comportement «irresponsable mettant en danger la sécurité des passagers» de la part des Occidentaux.
Il est temps que Bruxelles apprenne à prendre des mesures qui soient véritablement faites pour la sécurité des citoyens
«Il se trouve que, malgré la lenteur constatée quand il s’agit d'autres questions urgentes, les hautes sphères politiques européennes sont capables de redessiner l'itinéraire de centaines de vols en une journée, créant ainsi des problèmes colossaux pour les citoyens», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères sur Facebook, ajoutant : «Il est temps que Bruxelles apprenne à prendre des mesures qui soient véritablement faites pour la sécurité des citoyens.»
L'UE a dès le soir du 24 mai fermé son espace aérien aux avions biélorusses et a formulé la recommandation – largement suivie – à toutes les compagnies aérienne d'éviter les cieux biélorusses, après la décision de Minsk le 23 mai d'envoyer un chasseur dans le ciel et de «recommander» à un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair d'atterrir à Minsk, faisant valoir une alerte à la bombe attribuée au Hamas. Le mouvement islamiste palestinien, de son côté, a démenti avoir le moindre rapport avec la menace avancée par les autorités biélorusses.
A bord de l'avion qui a été dérouté se trouvait le journaliste et opposant biélorusse Roman Protassevitch et sa compagne Sofia Sapega (de nationalité russe), qui ont été interpellés à Minsk.
Annulation de vols depuis l'UE vers Moscou contournant la Biélorussie
L'UE accuse la Biélorussie d'avoir prétexté cette alerte à la bombe pour arrêter le journaliste et opposant. La Russie estime pour sa part que Minsk, qui déclare avoir agi de bonne foi, s'est efforcé de faire preuve de transparence et que les sanctions européennes sont prématurées tant qu'aucune enquête n'est arrivé à sa conclusion.
Ces derniers jours, plusieurs vols en provenance de capitales de l'UE vers Moscou ont été annulés, faute d'autorisation de nouveaux trajets contournant la Biélorussie. Ainsi ce 28 mai, un vol Air France entre Paris et Moscou a été annulé car n'ayant pas reçu de feu vert des autorités russes pour un changement d'itinéraire destiné à éviter l'espace aérien biélorusse, selon la compagnie aérienne française.
Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a quant à lui demandé une enquête transparente et indépendante sur ce qu'il a qualifié d'«incident troublant», tandis que le G7 a exigé la «libération immédiate» de Roman Protassevitch.