Biélorussie : la diplomatie russe dénonce le «deux poids, deux mesures» de l'Occident
La diplomatie russe a invité l'Occident à rompre avec le «deux poids, deux mesures», rappelant que par le passé, des atterrissage forcés comme celui de l'avion du président bolivien Evo Morales, n'avaient pas suscité leur indignation.
Dans un communiqué publié le 24 mai, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova s'est interrogée sur la position des puissances occidentales qui ont sévèrement condamné la décision des autorités biélorusses de contraindre un avion de Ryanair à atterrir d'urgence à Minsk – à la suite d'une alerte à la bombe –, après quoi l'opposant biélorusse Roman Protassevitch a été interpellé.
«La réaction coordonnée à ces événements de la part des représentants d'un certain nombre de pays occidentaux et d'organisations internationales, dont l'UE, l'OTAN et l'OSCE, est surprenante.
Ils exigent la libération de Roman Protassevitch et l’introduction de sanctions supplémentaires les plus sévères contre la Biélorussie et la compagnie aérienne Belavia. Je voudrais vous rappeler qu'ils ont réagi différemment à des événements similaires qui s'étaient auparavant produits dans d'autres pays», a-t-elle déclaré.
La diplomate a illustré sa pensée en évoquant des précédents lors desquels les chancelleries occidentales ont été bien plus silencieuses : «En 2013, à la demande des services spéciaux américains, qui recherchaient l'ancien agent de la CIA Edward Snowden, l'avion du président bolivien, qui rentrait de Moscou, a été contraint de faire escale à Vienne pour être inspecté. En 2004, les Etats-Unis ont forcé l'avion personnel de l'ancien premier vice-ministre russe des Finances de la Russie, devenu depuis sénateur, reliant Moscou à Barbade et à Aspen, à atterrir à l'aéroport de Palm Beach. [...] En 2012, la Turquie a utilisé des avions de chasse pour faire atterrir un avion reliant Moscou à Damas pour le fouiller et saisir sa cargaison. [...] En 2016, à 50 kilomètres de l’entrée dans l'espace aérien biélorusse, un avion de la compagnie aérienne Belavia en provenance de l'aéroport de Kiev a regagné l’aéroport de départ à la demande du contrôleur ukrainien qui menaçait de faire décoller des avions de chasse en cas de refus pour que le militant anti-Maidan Armen Martirossian quitte son bord», a-t-elle énuméré tout en rappelant que ces actes avaient été commis intentionnellement en violation des normes du droit international et qu'il n'y avait eu «pratiquement aucune réaction occidentale à ce propos».
Appelant les pays occidentaux à ne pas verser dans le «deux poids, deux mesures», la diplomate russe a considéré que l'arrestation de l'opposant biélorusse était une «affaire interne à la Biélorussie», prenant acte que cette personnalité «figurait sur la liste des personnes impliquées dans des activités extrémistes». Elle a par ailleurs souligné que «Minsk était prêt à une transparence maximale», invitant les pays occidentaux à prendre des mesures pour évaluer «sobrement, sans émotion», la situation sur la base de tous les documents disponibles.