Tchad : Idriss Déby réélu président pour la sixième fois, son armée assure avoir tué 300 rebelles

- Avec AFP

Tchad : Idriss Déby réélu président pour la sixième fois, son armée assure avoir tué 300 rebelles© Ludovic Marin Source: Reuters
Le président Idriss Déby à Nouakchott, en Mauritanie, le 20 juin 2020 (image d'illustration).
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Au pouvoir depuis 30 ans, Idriss Deby a remporté un sixième mandat présidentiel selon les résultats des élections dévoilés le 19 avril. Mais quelques heures plus tard, l'armée a annoncé sa mort «sur le champ de bataille».

Le président tchadien Idriss Déby Itno a été réélu pour un sixième mandat avec 79,32% des suffrages exprimés, selon des résultats officiels annoncés le 19 avril, peu après que l'armée a affirmé avoir défait une rébellion lancée le jour du scrutin le 11 avril et tué «plus de 300 ennemis». Quelques heures plus tard, l'armée a annoncé la mort du chef d'Etat, «sur le champ de bataille».

En savoir plus : Le président tchadien Déby meurt des suites de blessures reçues «sur le champ de bataille»

Les principaux dirigeants de l'opposition ont boycotté le scrutin pour protester contre les efforts d'Idriss Déby visant à prolonger ses 30 ans au pouvoir. D'après les chiffres officiels «provisoires» livrés par le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Kodi Mahamat Bam, le taux de participation a été de 64,81% pour ce scrutin. La Cour suprême doit encore approuver les résultats après l'étude d'éventuels recours contentieux.

Une pensée très forte pour nos frères, nos camarades, soldats de l'armée tchadienne qui sont tombés sur le champ d'honneur

L'ancien et dernier Premier ministre de Déby, Albert Pahimi Padacké, est arrivé deuxième avec 10,32% des suffrages exprimés. La première femme à se présenter à une élection présidentielle, Lydie Beassemda, a pris la troisième place avec 3,16% des voix.

Neuf candidats concourraient officiellement contre le président sortant, mais trois avaient annoncé leur retrait et prôné le boycott du scrutin, invoquant la violente répression de toutes les «marches pacifiques» organisées depuis des mois pour réclamer «l'alternance au pouvoir». La Cour suprême avait cependant maintenu leurs noms sur les bulletins de vote.

Immédiatement après l'annonce des résultats, de nombreux militants du parti de Déby, le Mouvement patriotique du salut (MPS), chantaient et dansaient sur la place centrale de la Nation à N'Djamena. Des tirs sporadiques d'armes automatiques ont retenti, des partisans du président célébrant ainsi la victoire comme pour chacune des cinq élections précédentes depuis qu'il a pris le pouvoir en 1990. 

«Nous fêtons une belle victoire au premier tour mais nous avons aussi une pensée très forte pour nos frères, nos camarades, soldats de l'armée tchadienne qui sont tombés sur le champ d'honneur pour défendre la paix, la démocratie et la continuité des institutions de l'Etat», a lancé le secrétaire général du MPS, Mahamat Zen Bada. 

Des chars sur les principales avenues de la capitale

L'armée tchadienne a affirmé le même jour avoir tué plus de 300 rebelles qui mènent une incursion depuis huit jours dans le nord du pays, fait 150 prisonniers et perdu cinq militaires dans des combats, le pouvoir assurant que la situation était désormais sous contrôle. Le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), qui réclame le pouvoir d'Idriss Déby, avait lancé son offensive depuis ses bases arrières en Libye le 11 avril, jour de l'élection présidentielle.

Le gouvernement a affirmé le 17 avril que l'offensive dans les provinces du Tibesti et du Kanem avait «pris fin». Mais des combats ont repris le lendemain en fin d'après-midi, selon le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l'armée. «Les rebelles sont encore à 500 km de N'Djamena. L'intérêt de Idriss Déby n'est pas de combattre le plus loin possible mais de garder des troupes autour de la capitale», analysait le 18 avril Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris. 

Des chars ont été positionnés le 19 avril sur les principales avenues de la capitale, ce qui a entraîné des scènes de panique. Ces blindés ont été retirés en fin de matinée, à l'exception d'un périmètre autour de la présidence. «La mise en place ce matin d'un dispositif sécuritaire dans certains endroits de la capitale semble être mal interprétée. Je tiens à rassurer qu'il n'existe aucune menace particulière», a souligné sur Twitter Cherif Mahamat Zene, le porte-parole du gouvernement. L'ambassade de France a également souligné à l'attention de ses ressortissants qu'il s'agissait d'«une mesure de précaution, à usage dissuasif, sans qu'une menace particulière pèse sur la capitale».

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