Présidentielle au Tchad : Idriss Déby candidat à sa propre succession
A deux mois de l’élection présidentielle tchadienne, Idriss Déby Itno a reçu l’investiture de son parti pour briguer un sixième mandat. Face à lui, une partie de l'opposition tente de s'organiser autour d'un candidature.
Le président tchadien sortant Idriss Déby Itno, a été investi le 6 février candidat de son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS), à l'élection présidentielle prévue le 11 avril prochain. Grand favori du scrutin, le chef de l'Etat âgé de 68 ans est candidat à un sixième mandat à la tête du pays.
«Si l'émotion d'être investi candidat à une élection présidentielle est toujours forte, celle que je ressens aujourd'hui a une portée plus grandiose», a déclaré le chef de l'Etat tchadien, devant les militants de son parti. «Permettez-moi, mes frères et sœurs, de vous dire que c'est après une mûre et profonde introspection, que j'ai décidé de répondre favorablement à cet appel, cet appel du peuple», a-t-il poursuivi, après avoir été désigné candidat par les membres de son parti.
Les candidatures pour l'élection présidentielle doivent être déposées entre le 13 et 26 février.
Mon discours à la clôture du 9e Congrès extraordinaire du #MPSpic.twitter.com/ODS79H98IB
— Maréchal Idriss Deby Itno (@MIdrissDebyItno) February 6, 2021
Une candidature unique de l'opposition peu probable
Face à Idriss Déby Itno, 12 responsables politiques issus de l'opposition ont scellé le 2 février «une alliance électorale» pour présenter un candidat unique à l'élection présidentielle. «Il ne s'agit ni d'une fusion, ni d'un regroupement de partis, ni d'une coalition de partis, mais d'une alliance électorale dénommée Alliance Victoire. En adhérant à ce manifeste, chaque parti signataire renonce à présenter à titre individuel un candidat à la présidentielle», ont déclaré les douze signataires, parmi lesquels Saleh Kebzabo candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2016. Le président du l'Union nationale pour la développement et le renouveau (UNDR) n'avait alors récolté que 12,8% des suffrages.
Pour l'heure, le représentant de cette coalition n'a pas été désigné mais la probabilité qu'un candidat représente l'ensemble de l'opposition reste mince. Romadoumngar Nialbé Félix, président de l'Union pour le renouveau et la démocratie (URD), deuxième force d'opposition à l'Assemblée nationale avec huit députés, a déjà été investi le 4 février par son parti candidat à la présidentielle.
D'autres partis de l'opposition ne se sont pas encore prononcés sur la stratégie qu'ils comptent adopter lors de la prochaine élection présidentielle à l'instar du mouvement de Laokein Kourayo Médard, arrivé en troisième position en 2016 (10,61%).
L'opposition a appelé ce même 6 février à des manifestations pour réclamer plus de justice sociale et l'alternance politique, qui ont été interdites par les autorités, au motif qu'elles risquent d'engendrer «des troubles à l'ordre public».
La date de la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle est prévue au 15 mai prochain. Un second tour éventuel est fixé pour le 23 mai. L'élection présidentielle sera suivie par les législatives, fixées en juillet au 24 octobre 2021, après une série de reports depuis 2015. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a justifié à maintes reprises ce décalage de calendrier par le manque de moyens financiers et dernièrement par la pandémie de Covid-19.