Covid-19 : le FMI refuse d'aider le Venezuela, la Chine, la Russie et l'ONU manifestent leur soutien
Le Fonds monétaire international (FMI), dont le siège est Washington, a rejeté une aide de 5 milliards de dollars demandée par Nicolas Maduro pour lutter contre le coronavirus, au prétexte qu'il ne serait pas le président légitime du pays.
Le coronavirus ne rend décidément pas les organisations internationales sous l'égide de Washington plus solidaires, la protection de la population vénézuélienne ne semblant pas être leur premier souci. Le Fonds monétaire international (FMI) a rejeté le 17 mars une demande d'aide de 5 milliards de dollars réclamée par le président du Venezuela, Nicolas Maduro, afin de lutter contre la pandémie de nouveau coronavirus dans son pays, dont la population souffre déjà des sanctions américaines et de la fluctuation des prix du pétrole.
«Malheureusement, le Fonds n'est pas en mesure de prendre en considération cette demande», a déclaré un porte-parole du FMI dans un communiqué. L'action du FMI est «fondée sur une reconnaissance officielle du gouvernement par la communauté internationale [...]. Il n'y a pas de reconnaissance claire à ce stade» en ce qui concerne le Venezuela, a expliqué ce porte-parole. Depuis janvier 2019, près d'une soixantaine de pays, au premier rang desquels les Etats-Unis, reconnaissent l'ancien président de l'Assemblée nationale vénézuélienne Juan Guaido comme le président par intérim du Venezuela. Nicolas Maduro, de son côté, bénéficie toujours de l'appui de la Russie, de Cuba et de la Chine.
Pour Nicolas Maduro, qui vilipende régulièrement le FMI, l'enveloppe qu'il réclamait devait permettre de «contribuer significativement au renforcement de nos systèmes de détection et de réponse» au coronavirus. Pour l'heure, le Venezuela a recensé 36 cas de nouveau coronavirus et aucun décès dû au Covid-19. Mais pour le président vénézuélien, mieux vaut prévenir que guérir. Pour tenter de freiner la propagation du virus, Nicolas Maduro a ordonné le confinement quasi-total de tous les Vénézuéliens à partir du 17 mars. Les vols de et vers l'étranger ont presque tous été suspendus, les écoles ont fermé leurs portes et les rassemblements de grande ampleur sont désormais interdits.
Prix du pétrole, sanctions et coronavirus
Le Venezuela se retrouve donc dans une situation économique particulièrement difficile. L'effondrement des prix du pétrole aura évidemment un impact direct sur l'économie vénézuélienne, le pays abritant les premières réserves de brut au monde. Les multiples sanctions économiques imposées par Washington, ajoutées à la crise déclenchée par le coronavirus, ne risquent pas d'améliorer la situation. «Le pétrole vénézuélien est passé de 49 $ à 24 $ le baril, ce qui affecte durement les revenus du pays», a déclaré début mars le président vénézuélien Nicolas Maduro lors d'une conférence de presse pour évoquer les difficultés auxquelles le pays est confronté dans le cadre de la pandémie de coronavirus.
Dans cette situation, les hôpitaux vénézuéliens, malgré le soutien de Cuba, pourraient se retrouver démunis pour affronter l'épidémie si elle venait à se propager davantage. Le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Jan Egeland, a même évoqué un risque de «carnage» au sujet de l'avancée du virus dans des pays comme «la Syrie, le Yémen et le Venezuela, où les hôpitaux sont détruits et les systèmes de santé se sont effondrés».
Aide de la Chine, de la Russie et soutien de l'ONU
Sur le pied de guerre, le président vénézuélien et ses proches collaborateurs multiplient les communications diffusées via les réseaux sociaux et la télévision pour tenter de rassurer la population. Ce 20 mars, Nicolas Maduro s'est félicité de la mise en place d'un couloir aérien avec la Chine et a annoncé que son pays venait de recevoir plus de 300 000 tests et équipements médicaux pour faire face au coronavirus en provenance de la République populaire. «Je remercie le président Xi Jinping et son peuple d'avoir établi cet important couloir aérien pour l'aide humanitaire internationale», a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Recibimos desde la República Popular China más de 300 mil pruebas y equipos médicos para enfrentar el Coronavirus. Agradezco al presidente Xi Jinping y a su pueblo, por el establecimiento de este importante corredor aéreo de ayuda humanitaria internacional. #JuntosEnLaPrevenciónpic.twitter.com/RjdFh76s5K
— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) March 20, 2020
La vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodríguez, a annoncé le 19 mars qu'un pont aérien permanent entre la Chine et le Venezuela serait établi la semaine prochaine pour transporter de l'aide humanitaire et médicale destinée à faire face au coronavirus. Elle a fait savoir que le pays avait d'ores et déjà reçu 4000 kits de test, combinaisons de biosécurité, lunettes de protection, gants, purificateurs d'air, médicaments et réactifs qui seraient immédiatement acheminés vers les centres de santé. Le vice-président a également annoncé que la Commission présidentielle de surveillance, de prévention et de contrôle des coronavirus tiendrait également lundi une vidéoconférence avec des experts du domaine en Chine.
Ce 21 mars, l'ambassade Russie au Venezuela a pour sa part annoncé que l'envoi d'un lot d'aide humanitaire pour lutter contre le coronavirus qui comprendra «du matériel médical et des kits pour le dépistage des virus» et qui arrivera dans le pays sud-américain la semaine prochaine.
Le président vénézuélien a également partagé le 20 mars une communication officielle du bureau de coordination humanitaire du système des Nations unies, qui garantit au pays «tout son soutien dans la lutte contre le Covid-19». «Le Venezuela dispose de toute l'aide internationale nécessaire pour surmonter cette pandémie», écrit Nicolas Maduro.
Meriem Laribi