Le chef du gouvernement italien prêt à démissionner si la Lega et le M5S ne cessent les «polémiques»
Le 3 juin, Giuseppe Conte s'est dit prêt à démissionner de ses fonctions si La Ligue et le Mouvement 5 étoiles, qui composent la coalition au pouvoir en Italie, ne cessaient les «polémiques par voie de presse» et «les bons mots sur les réseaux».
La crise politique couve de l'autre côté des Alpes : le chef du gouvernement Giuseppe Conte a affirmé le 3 juin qu'il entendait «remettre son mandat» si La Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S), les deux partis composant la coalition au pouvoir, ne cessaient pas les «polémiques par voie de presse» et «les bons mots sur les réseaux sociaux».
«Je demande à chacune des deux forces politiques de faire un choix et de me dire si elles ont l'intention de suivre encore le contrat de gouvernement», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. «Je demande une réponse claire, sans équivoque, et aussi rapide, si vous me le permettez», a-t-il par ailleurs insisté, tout en refusant de fixer une échéance.
«Nous sommes appelés à dessiner l'avenir du pays, ce qui est autre chose que de faire plaisir aux foules sur les places publiques ou de récolter des "likes" [sur les réseaux sociaux]», a-t-il en encore lancé, dans une attaque semblant viser Matteo Salvini. Ce dernier qui cumule plus de 900 000 abonnés sur Twitter et quelque 3,3 millions sur Facebook explique régulièrement son action politique sur les réseaux sociaux.
Les relations entre Rome et Bruxelles au cœur des tensions au sein du gouvernement ?
Sur le fond, les piques adressées par Giuseppe Conte pourraient cibler, particulièrement, les réticences de la Ligue et du M5S à ce que Rome négocie avec l’Union européenne afin d'échapper à des sanctions disciplinaires. Bruxelles s'était alarmé à plusieurs reprises du dérapage, à ses yeux, des comptes publics italiens.
Le bras de fer entre Rome et Bruxelles a débuté en octobre 2018. Près de cinq mois après la formation du gouvernement de coalition mené par la Ligue et le M5S, la Commission européenne rejetait, pour la première fois de son histoire, le budget présenté par un Etat membre. En cause : Rome avait présenté un budget prévoyant un déficit public à 2,4% du PIB, soit bien au-dessus du niveau sur lequel s'était engagé le gouvernement précédent (0,8%).
Le commissaire européen Pierre Moscovici avait alors dénoncé «une déviation claire, nette, assumée» des règles de l'UE de la part de Rome. Pour sa part, le gouvernement italien défendait un plan budgétaire s'inscrivant dans une politique de relance. Celle-ci comprenant notamment le gel des augmentations de la TVA qui étaient attendues dès 2019, la multiplication des investissements publics et privés, la réforme du système de retraite, ou encore la création du revenu de base des citoyens.
Par la suite, en décembre, Rome et Bruxelles avaient trouvé un accord par lequel le gouvernement italien acceptait de revoir à la baisse ses prévisions de déficit, les faisant passer de 2,4% 2,04% du PIB ; pour autant, la perspective d’une dégradation des relations ne s’est guère éloignée. Bruxelles reproche toujours à Rome le niveau de sa dette publique qui, à plus de 130% du PIB national, dépasse largement la limite de 60% fixée par l'Union européenne. Quant au déficit italien, la Commission a calculé qu'il pourrait atteindre 3,5 % du PIB en 2020, ne respectant ainsi pas la règle des 3% du pacte de stabilité et de croissance de l'UE.