L'armée allemande admet que plus de 60% du matériel militaire qu'elle a reçu en 2017 est défectueux
Véhicules d'infanterie, avions de transport A400M ou Eurofighter : sur les 97 équipements livrés en 2017 à l'armée allemande, seuls 38 sont opérationnels. Une situation qui n'inquiète pas le gouvernement, pour qui ce ratio n'est «pas significatif».
Le ministère allemand de la Défense a reconnu dans un rapport que la majeure partie de l'équipement militaire qui lui a été livré l'année dernière n'était pas en état d'être utilisé. Ainsi sur les 97 équipements livrées en 2017, seuls 38 sont opérationnels – soit un ratio de 39% –, a confié le ministère en réponse à une enquête parlementaire.
Dans le détails, les préoccupations des militaires allemands concernent surtout les véhicules de combat d'infanterie Puma et les avions de transport militaire Airbus A400M. Considéré comme l’un des véhicule blindé le plus performant au monde, les Puma sont produits par Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall. Et selon les chiffres fournis par le ministère, seuls 27 des 71 Puma livrés à l'armée allemande sont aujourd'hui prêts au combat.
Pour l'A400M, qu'Airbus décrit comme l'avion de transport aérien «le plus avancé, combinant les technologies de pointe du XXIe siècle pour répondre aux besoins actuels et à venir des forces armées», le ratio n'est pas bien meilleur. Sur les huit avions assemblés à Séville, seulement quatre sont opérationnels.
«Nous savons qu'il existe certains dysfonctionnements»
Mais les problèmes rencontrés par les forces allemandes ne se limitent pas à ces deux équipements. Selon les informations du ministère de la Défense, seuls deux hélicoptères de combat «Tigre» sur sept et quatre hélicoptères de transport NH90 sur sept sont prêts à être utilisés. Enfin, sur les quatre avions de combat Eurofighter livrés en 2017, un seul a été mis en service. Les trois autres ont été renvoyés au constructeur GmbH pour être équipés de nouveaux ordinateurs de bord.
En réaction à ce constat alarmant, le secrétaire d'Etat parlementaire au ministère de la Défense Peter Tauber a sobrement déclaré que la qualité des équipements militaires neufs «[devait] encore être améliorée», maniant à merveille l'euphémisme. Même son de cloche du côté de la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, qui a considéré cette statistique comme n'étant «pas particulièrement significative», précisant que la situation était «complexe». «Nous savons qu'il existe certains dysfonctionnements», a-t-elle simplement admis.
Matthias Hoehn, député de parti de gauche Die Linke à l'origine de l'enquête, s'est montré beaucoup plus critique. Il a qualifié la situation d'«inacceptable», avant d'accuser la ministre «de permettre à l'industrie de la défense de gâcher des milliards de dollars aux dépens des contribuables».