Doctrine nucléaire révisée : «La Russie a le droit et la capacité de se protéger» défend Erdogan
En marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro le 19 novembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé l’OTAN à examiner attentivement les récentes révisions de la doctrine nucléaire russe. Selon lui, ces mesures reflètent le droit de Moscou à se défendre face aux menaces croissantes à son encontre.
Moscou a élargi le 19 novembre ses possibilité de recours à l'arme nucléaire, intégrant notamment la possibilité de riposter à des attaques conventionnelles soutenues par des puissances nucléaires. Cette révision stratégique intervient dans un contexte d’escalade du conflit en Ukraine, et a été marquée dans la foulée par l’utilisation par Kiev de missiles ATACMS fournis par les États-Unis pour frapper dans la profondeur du territoire russe.
Pour Recep Tayyip Erdogan, cette révision de la doctrine nucléaire russe reflète une réponse directe aux pressions exercées sur la Russie. «Cette déclaration de la Russie est avant tout une mesure prise en réponse à la position adoptée à son encontre concernant l'utilisation d'armes conventionnelles», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à la fin du sommet du G20.
Le président turc a invité les responsables de l’OTAN à prendre en compte cette évolution et à reconsidérer leurs stratégies. «Les conflits impliquant des armes nucléaires n'ont aucun aspect positif. La Russie a le droit et la capacité de se protéger», a-t-il souligné. Erdogan a néanmoins rappelé que les pays de l’OTAN disposaient du même droit à l’autodéfense, tout en mettant en garde contre les conséquences catastrophiques d’une guerre nucléaire.
En tant que membre de l’OTAN, la Turquie adopte une posture particulière. Elle s'est abstenue d'imposer les sanctions occidentales à la Russie et maintient des relations diplomatiques avec Moscou tout comme avec Kiev. «La Russie et l'Ukraine sont toutes deux nos voisins, et nous devons préserver nos liens bilatéraux», a expliqué Erdogan.
La Turquie veut être un acteur central dans les discussions de paix
Le président turc a également rappelé que la Turquie avait joué un rôle de facilitateur lors des premiers pourparlers de paix entre les deux parties, en mars 2022. Bien que ces discussions prometteuses aient échoué, Erdogan demeure optimiste quant à une résolution politique du conflit.
«J'espère que nous parviendrons à un cessez-le-feu définitif entre l'Ukraine et la Russie, dès que possible, apportant ainsi la paix que la planète attend avec impatience», a déclaré Erdogan. La Turquie, qui partage les rivages de la mer Noire avec les deux nations, se positionne comme un acteur clé pour faciliter un dialogue constructif.
La récente autorisation donnée à Kiev par Washington d'utiliser des missiles à longue portée illustre l'escalade des tensions. En septembre, Vladimir Poutine avait averti que des attaques avec de telles armes changeraient «l’essence et la nature même du conflit». «Cela signifiera que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens, sont en guerre contre la Russie» avait-il prévenu.
Au delà des sanctions contre la Russie, depuis début 2022, selon les chiffres du Think tank allemand Kiel Institute, les États-Unis et leurs alliés ont fourni ou promis à Kiev plus de 114 milliards d'euros d'aide militaire, tout en affirmant ne pas être parties au conflit.