Johnson piégé : les Ukrainiens «n'ont pas encore appelé beaucoup de leurs jeunes», regrette-t-il
L’ex-Premier ministre britannique Boris Johnson, en poste lorsque le conflit entre Kiev et Moscou a éclaté début 2022, a été piégé par les humoristes russes Lexus et Vovan. L’homme politique britannique a largement réitéré son soutien à l’Ukraine, confiant notamment qu’il aurait souhaité mener directement au sol une unité.
Envoi de troupes en Ukraine, fournitures d’armes et levée des limitations imposées à Kiev ou encore adhésion à l’OTAN : telles sont les thématiques abordées par Boris Johnson dans une vidéo rendue publique ce 4 septembre par les blogueurs russes Vladimir Kouznetsov (Vovan) et Alexeï Stoliarov (Lexus). Connus pour piéger les personnalités politiques de haut rang, ceux-ci ont ajouté à leur tableau de chasse l’ancien Premier ministre britannique.
Face aux farceurs, qui se sont fait passer pour l’économiste français Jacques Attali, l’ancien locataire du 10 Downing Street s’est laissé aller à quelques confidences sur le dossier ukrainien. «J'aimerais souvent être moi-même un militaire doué et pouvoir aller diriger une légion étrangère en Ukraine si j'étais général», a-t-il notamment déclaré, après avoir souligné qu’il était un «grand partisan» de Kiev.
Celui-ci était alors interrogé sur l’éventuel envoi de troupes en Ukraine, une thématique qui fut particulièrement chère à Emmanuel Macron entre fin février et fin juin. Au nom d'une doctrine d’«ambiguïté stratégique», le président français avait en effet estimé que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait «être exclu». Une position qui lui avait valu d’être désavoué par une grande partie de ses alliés.
«Nous devrions donner aux Ukrainiens les moyens de mettre la Crimée en danger», estime Johnson
Si «toutes les options doivent être sur la table», l’ex-dirigeant britannique s'est également montré clairement en désaccord avec la position défendue un temps par l'Élysée. «Je pense qu’à l’instant où nous engageons publiquement nos propres bottes sur le terrain, nos propres troupes, cela devient une catégorie différente – une catégorie de conflit très différente», a-t-il déclaré.
Pour lui, la meilleure option pour soutenir Kiev demeure l’approvisionnement militaire, via notamment la fourniture de missiles longue portée accompagnée d’une levée des restrictions imposées quant à leur usage contre le sol russe. «Nous devrions supprimer les restrictions sur les possibilités d'utilisation […] et nous devrions les aider à détruire le pont de Kertch, nous devrions donner aux Ukrainiens les moyens de mettre la Crimée en danger», a défendu Boris Johnson.
Ce dernier a également souligné l’âge «mûr» des soldats ukrainiens, déclarant que l'Ukraine n'avait «pas encore de mobilisation de masse». «Ils n’ont pas encore mobilisé tous leurs jeunes», a-t-il insisté. Aux yeux de Boris Johnson, «la condition préalable» à des négociations de paix en Ukraine est «la défaite de la Russie et que les Ukrainiens aient un certain sentiment de victoire». L'ex-Premier ministre britannique a notamment confié que l’âge des soldats ukrainiens était, à ses yeux, trop avancé.
L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN «aiderait à promouvoir la paix», selon Johnson
Autre point abordé lors de cet échange : l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. S’il rappelle qu’un pays en guerre, dont «les frontières sont contestées», ne peut pas adhérer au bloc militaire occidental, Boris Johnson estime aussi que les Occidentaux «doivent trouver un moyen», plaidant pour une «invitation claire» de Kiev à rejoindre l’Alliance atlantique.
«Nous devons faire savoir que c’est dans cette direction que nous allons», a-t-il soutenu. Avant d'ajouter : «La perspective d’une adhésion à l’OTAN, je pense maintenant, est quelque chose qui aiderait à promouvoir la paix, pas à provoquer Poutine.»
Point sur lequel les deux humoristes russes n’ont pas obtenu de réponse de Johnson : son rôle dans l’échec des pourparlers de paix d’Istanbul, qui avaient débuté quelques semaines après l’éclatement du conflit entre Kiev et Moscou. Plusieurs observateurs de l’époque, notamment en Ukraine, ont pointé du doigt le rôle qu’aurait joué le Premier ministre britannique dans la poursuite de ce conflit qui perdure depuis deux ans et demi.