Français en Ukraine : selon le SVR, le nombre de morts avait déjà franchi en mars un seuil «psychologiquement significatif»
La revue des vétérans du Service russe de renseignement extérieur a publié ce 11 juillet la note déclassifiée d’un agent. Transmise à la mi-mars, celle-ci révélait l’intention de Paris d’envoyer 2 000 soldats en Ukraine. Depuis, devant la pression internationale, Emmanuel Macron a reculé.
Le Service russe de renseignement extérieur (SVR) a déclassifié ce 11 juillet une note évoquant le 19 mars dernier la préparation de l’envoi par la France d’un contingent en Ukraine. «Le contingent français se prépare toujours à être envoyé en Ukraine», estimait le document, publié dans la revue des vétérans du SVR Razvedchik du mois de juin. «Au stade initial, il s'agira d'environ 2 000 personnes», stipulait ce message transmis par un agent répondant au pseudonyme de Félix. Toujours selon cette source, l'armée française était alors «préoccupée» par le nombre croissant de Français tués lors des combats en Ukraine.
«Comme l’admet officieusement le ministère français des Armées, le pays n’a pas connu de telles pertes à l’étranger depuis la guerre d’Algérie dans la seconde moitié du XXe siècle», est-il encore affirmé par cet agent. Celui-ci a notamment fait référence à une frappe russe à Kharkov le 17 janvier, frappe dans laquelle l’armée russe avait revendiqué l’élimination de 60 combattants étrangers, dont un «noyau était constitué de mercenaires français». Le Quai d’Orsay avait alors nié la présence de tels combattants.
«Selon certaines sources, le nombre de Français morts "a déjà dépassé le seuil psychologiquement significatif"», a également rapporté l’agent du SVR dans sa note, ajoutant que la publication de données «aussi sensibles pourrait provoquer des protestations massives». «La direction militaire craint également un mécontentement parmi les officiers intermédiaires d’active de l’armée française. Parmi les morts, il y en a un "nombre disproportionné", et déjà à ce stade, il y a des problèmes de fourniture de "volontaires" pour la rotation et le "remplacement de ceux qui ont pris leur retraite" sur le théâtre de guerre ukrainien», est-il encore stipulé dans ce document.
Envoi de troupes en Ukraine : Macron a reculé
Les informations concernant l’envoi d’un contingent français de 2 000 hommes avaient été divulguées le jour même de leur transmission au SVR par le directeur de l’agence, Sergueï Narychkine. «Les dirigeants actuels du pays ne se soucient pas de la mort des Français ordinaires ni des inquiétudes des généraux», avait notamment déclaré ce dernier le 19 mars dans une note intitulée «Macron pousse les Français "au massacre"». Ce contingent «deviendra une cible légitime prioritaire pour les attaques des forces armées russes» et «subira le sort de tous les Français qui sont arrivés sur le territoire du monde russe avec l'épée», avait également prévenu l’officiel russe.
La question de l'envoi de troupes occidentales et en particulier françaises en Ukraine est au cœur des tensions entre Paris et Moscou depuis le 26 février, date à laquelle Emmanuel Macron avait refusé d'écarter cette éventualité au nom d'une «ambiguïté stratégique» selon lui nécessaire face à Moscou. Une annonce qui avait surpris les alliés occidentaux de Kiev, Washington et Berlin se désolidarisant rapidement de Paris. En France, les oppositions avaient aussi dénoncé des risques d’escalade.
Le 2 mai, dans The Economist, le président français avait pourtant, de nouveau, réitéré cette possibilité, notamment si Kiev en faisait la demande.
L’Ukraine avait confirmé les préparatifs
Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Alexandre Syrsky, avait même indiqué le 27 mai avoir permis la visite d'instructeurs français dans des centres de formation en Ukraine. Une information non confirmée alors par Paris.
Mais le 6 juin, au journal de 20h de TF1 et France 2, le président français avait annoncé la seule livraison d'avions de chasse Mirage-2000 à Kiev et la formation d'une brigade ukrainienne, mais non sur le sol ukrainien.
Puis, à la veille du premier tour des législatives, dans un podcast où il était interrogé sur la «peur» d'un Français qui redoute que le conflit dégénère et même atteigne la France, Emmanuel Macron avait déclaré ne pas penser que l'armée française irait «s'engager sur le sol ukrainien demain».