Guerre à Gaza : nouvelle vague de condamnations après une frappe de Tsahal sur une école
Le bombardement d'une école transformée en abri et gérée par l'UNRWA, qui a fait plus de 40 morts et des dizaines de blessés, a provoqué de vives réactions internationales. L'armée israélienne a justifié ce raid en affirmant que des combattants du Jihad islamique et du Hamas se trouvaient à l'intérieur.
Les réactions internationales se sont multipliées après le bombardement israélien de l'école al-Sardi, un établissement transformé en abri et géré par les Nations unies, situé dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza. Au moins 40 personnes seraient mortes et des dizaines d'autres auraient été blessées dans cette frappe de Tsahal, selon les autorités gazaouies.
«C'est un nouvel exemple terrifiant du prix payé par les civils, les hommes, femmes et enfants palestiniens qui tentent juste de survivre, forcés de se déplacer dans une sorte de cercle de la mort à travers Gaza pour tenter de se mettre à l'abri», a déclaré le 6 juin le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Stéphane Dujarric. Devant la presse, celui-ci a estimé qu'il faudrait que des comptes soient rendus «pour tout ce qui se passe à Gaza».
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a quant à lui déploré, dans un post sur X (ex-Twitter), une «effroyable nouvelle». «Les rapports en provenance de Gaza montrent sans cesse que la violence et la souffrance restent la seule réalité pour des centaines de milliers de civils innocents», a-t-il affirmé. Pour ce vice-président de la Commission européenne, «un cessez-le-feu durable est la seule manière de protéger les civils et de parvenir à la libération immédiate de tous les otages». Il appelle les deux belligérants à «se mettre d’accord sur le plan américain en trois phases».
Tsahal affirme avoir visé des combattants du Hamas et du Jihad islamique
Le chef de l'UNRWA Philippe Lazzarini a pour sa part précisé que l'école «abritait 6 000 personnes déplacées lorsqu'elle a été touchée». Répondant aux accusations israéliennes, il a déclaré : «Les affirmations selon lesquelles des groupes armés auraient pu se trouver à l’intérieur du refuge sont choquantes.» «Nous ne sommes cependant pas en mesure de vérifier ces affirmations», a-t-il poursuivi, affirmant toutefois que si cela était confirmé, ce serait «un mépris flagrant du droit humanitaire international». Le patron de l'organisation onusienne rappelle que depuis le début de la guerre «plus de 180 bâtiments [de l'UNRWA] ont été touchés et plus de 450 personnes déplacées ont été tuées».
Le président sud-africain, dont le pays a intenté fin décembre une procédure à l’encontre de l’État hébreu devant la justice onusienne, l’accusant de violer la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948, a également commenté l'événement. «Nous restons profondément préoccupés par le génocide qui continue de se produire à Gaza et en Palestine», a déclaré le 6 juin Cyril Ramaphosa, lors d'un point presse.
De leur côté, les États-Unis, soutien politico-militaire de l'État hébreu, ont réagi par l'intermédiaire du porte-parole du département d'État, Matthew Miller, lors d'un point presse. «Le gouvernement israélien a indiqué qu'il allait publier davantage d'informations sur cette frappe, y compris les noms des personnes qui y ont trouvé la mort. Nous attendons d'eux qu'ils soient pleinement transparents en rendant ces informations publiques», a-t-il déclaré, tout en reprenant le narratif israélien sur la présence supposée de combattants du Hamas à l'intérieur de l'abri.
Des armes américaines utilisées pour le raid israélien ?
En effet, peu de temps après le bombardement de l'école, l'armée israélienne a publié un message sur la plateforme X, déclarant avoir «mené une frappe précise sur un complexe du Hamas situé dans une école de la région de Nuseirat», éliminant «plusieurs terroristes du Hamas et du Jihad islamique qui s’étaient infiltrés dans une école de l’UNRWA». Tsahal a par ailleurs indiqué avoir pris des mesures pour «minimiser le risque de mettre en danger des civils non impliqués».
Le Hamas a quant à lui condamné une «guerre continue d'extermination et de nettoyage ethnique» menée contre le peuple palestinien. Par ailleurs, Al Jazeera a rapporté que des fragments d'armes américaines avaient été retrouvés sur le site de la frappe israélienne. Selon le média qatari, il s'agirait d'une «unité de mesure inertielle» d'un missile, «utilisée pour faciliter le ciblage de précision», provenant de la société américaine Honeywell.
Sur le plan diplomatique, les deux belligérants ne se sont pas mis d'accord pour un potentiel cessez-le-feu, et ce, malgré la feuille de route présentée par Joe Biden. Dans un communiqué conjoint, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Canada et des pays sud-américains ont appelé Israël et le Hamas «à faire les derniers compromis nécessaires».
Or, les deux ennemis restent cantonnés sur leurs positions initiales, à savoir d'un côté un arrêt définitif des hostilités accompagné du retrait des forces israéliennes de Gaza et de l'autre le désarmement du Hamas.