Geste antisportif contre une athlète russe : la fédération d’escrime se couche

- Avec AFP

Geste antisportif contre une athlète russe : la fédération d’escrime se couche Source: AFP
L'Ukrainienne Olga Kharlan refusant de serrer la main à l'escrimeuse russe Anna Smirnova aux Championnats du monde, la tenant à distance avec son sabre : une faute au regard de l'éthique de l'escrime et du règlement de la Fédération internationale d'escrime.
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L'escrimeuse ukrainienne Olga Kharlan avait été disqualifiée des Championnats du monde pour avoir refusé de serrer la main de la russe Smirnova. Sous la pression du CIO, la Fédération internationale d'escrime a cédé et abandonné son règlement.

La sévérité de la Fédération internationale d'escrime (FIE) a tourné court. Au lendemain de la disqualification de l'Ukrainienne Olga Kharlan des Championnats du monde, devant son refus de serrer la main de son adversaire russe et la tenant à distance avec son sabre, la FIE a levé la suspension de l’escrimeuse soutenue par le Comité international olympique (CIO).

Le président du CIO Thomas Bach a pris son clavier pour assurer Olga Kharlan d'une place garantie aux JO de Paris 2024 dans une lettre qu'il lui a adressée personnellement le 29 juillet. Une annonce qui a «tiré les larmes» à Olga Kharlan : «Je n'arrivais pas à y croire», a-t-elle livré.

Dans deux messages postés sur Telegram le 28 juillet, avant même la lettre de Thomas Bach, le chef du Comité olympique russe, Stanislav Pozdniakov, a tancé l’Olympisme, devenu « un outil contrôlé de l'extérieur dans l'intérêt d'un ordre géopolitique », prenant parti dans un conflit, au mépris des principes élémentaires du sport. La disqualification d'Olga Kharlan était conforme au règlement de la Fédération internationale d'escrime, une fédération autonome, a-t-il fait remarquer. Aussi s’est-il interrogé sur l’héritage des «nobles idées du baron de Coubertin», fondateur des Jeux olympiques modernes.

La FIE retourne sa veste

L’escrimeuse ukrainienne était la première représentante de son pays à affronter une Russe dans le monde du sport depuis le début du conflit en février 2022. Elle avait été autorisée à tirer contre la Russe Anna Smirnova, concourant sous bannière neutre, par ce qui pourrait être renommé le «décret Kharlan», paru la veille de son match. Elle a été disqualifiée faute d'avoir échangé une poignée de main avec son adversaire, la tenant de surcroît à distance avec son sabre.

Un peu plus de 24 heures plus tard, la FIE a fait machine arrière ou presque. Impossible de lui rendre les points perdus par son carton noir dans la course à la qualification pour Paris 2024 comme l'explique Thomas Bach pour justifier cette «exception unique» du quota supplémentaire qui lui est alloué. En revanche, la FIE s'est résolue à lever la suspension qui l'empêchait de participer à l'épreuve par équipes à partir du 29 juillet.

Le président par intérim de la FIE, Emmanuel Katsiadakis, cité dans un communiqué, explique que ce revirement a été décidé «après consultation du Comité international olympique».

La FIE n’obligera plus les escrimeurs à se serrer la main

Dans la foulée de la disqualification, le CIO, dans une forme de camouflet, avait promptement appelé à faire preuve de «sensibilité» à l'égard des sportifs ukrainiens, se disant «bien conscient des tiraillements intérieurs» des athlètes ukrainiens. Il s'est aussi félicité de l'inflexion de la position du gouvernement ukrainien, interdisant auparavant aux membres de ses délégations officielles de disputer des compétitions où figurent des Russes et Biélorusses, bannière neutre ou non. Un revirement qui mettrait un terme au boycott ukrainien des JO de 2024.

Après le «décret Kharlan», la quadruple médaillée olympique aura provoqué aussi un «amendement Kharlan» au règlement de la FIE. Plus question d'obligation de serrer la main désormais. Dès le 29 juillet, le seul impératif sera le salut protocolaire, a annoncé en conférence de presse Bruno Gares, membre du Comité exécutif de la FIE qui a modifié ses règles au cours de la journée. «C'est mieux ainsi tant que la guerre dure», a jugé Olga Kharlan, présente à ses côtés. «Mais ce n'est qu'une conséquence de la guerre» a-t-elle ajouté, sûre de son bon droit.

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