Le président serbe promet de ne jamais oublier «l'agression de l'OTAN»
Alors que la Serbie commémore le 24e anniversaire de la campagne de bombardement de l'OTAN, le président serbe Aleksandar Vucic a expliqué que celle-ci avait marqué le moment où «le droit international moderne est finalement mort».
Les Serbes ne pourront oublier «l'agression» déclenchée en 1999 par l'OTAN que si leur pays cesse d'exister, a exprimé le 24 mars le président serbe Aleksandar Vucic, à l'occasion du 24e anniversaire de la campagne de bombardement de l'ancienne Yougoslavie par l'Alliance atlantique.
Aleksandar Vucic, qui s'exprimait lors d'une cérémonie dans la ville de Sombor pour commémorer les victimes des frappes aériennes qui ont coûté la vie à plusieurs centaines (selon l'ONG Human Rights Watch) ou plusieurs milliers (selon Belgrade) de Serbes, a ajouté que les Etats-Unis et leurs alliés n'avaient pas encore répondu devant la justice de leurs attaques, pourtant menées en violation du droit international. Pour le chef d'Etat, cette agression de l'OTAN a marqué le moment où «le droit international moderne est finalement mort».
«24 ans ont passé. Vous avez arraché des parties de notre territoire. Vous avez tué 79 enfants, 2 500 personnes et pas seulement des civils, mais aussi des soldats et des policiers», a souligné le président serbe. «Qui êtes-vous pour tuer nos soldats et nos policiers qui se trouvent sur leur territoire et dans leur pays ? Où avez-vous obtenu le droit de tuer nos soldats et nos policiers ? Qui vous a donné ce droit ?», a-t-il encore déploré.
Aleksandar Vucic a par ailleurs rappelé que l'Alliance atlantique avait attaqué un pays «libre et souverain», tout en justifiant son action par la nécessité de mettre fin à un «génocide». La Serbie était alors en proie à une guerre civile avec des séparatistes albanais, après avoir vécu d'autres conflits post-Yougoslavie en Slovénie, en Croatie ou encore en Bosnie. Le président serbe a également rappelé que l'OTAN n'avait pas obtenu l'autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies pour lancer son intervention militaire, ce qui ne l'avait pas empêchée de le faire.
Selon le dirigeant serbe, l'OTAN a mené cette agression pour deux raisons : montrer que «nous sommes les plus forts et que nous pouvons tout faire», et «prendre [les provinces] du Kosovo et de Metohija» à la Serbie. Le chef d'Etat a conclu son intervention en expliquant que le devoir de la Serbie était «d'essayer de pardonner», mais qu'elle ne pourrait tout oublier que si elle cessait d'exister.
Son discours intervient à un moment où Belgrade subit d'intenses pressions de la part des pays occidentaux en raison de ses liens avec la Russie.