Ukraine : le Pentagone se dit toujours sceptique quant à une victoire militaire totale de Kiev
Au lendemain de nouvelles frappes russes en Ukraine, le Pentagone a réitéré le soutien inconditionnel des Etats-Unis à Kiev. Le chef d’état-major américain a également répété ses doutes sur une victoire militaire ukrainienne.
«C'est possible, peut-être, qu'il y ait une solution politique. Tout ce que je dis, c'est qu'il y a une possibilité pour cela. C'est tout ce que je dis.»
Lors d’une conférence de presse au Pentagone le 16 novembre, à l’issue d’une réunion du groupe de contact sur l’Ukraine marquée par une nouvelle vague de frappes russes, le général Mark Milley a redoublé de prudence au moment d'évoquer toute possibilité de paix négociée entre Kiev et Moscou.
Ses propos, le 9 novembre à New York, avaient fait l’effet d’une bombe dans la presse américaine. «Quand il y a une opportunité de négocier, quand la paix peut être obtenue, saisissez-la. Saisissez le moment», déclarait ainsi le plus haut gradé américain devant le Forum économique de New York. Des propos, tenus dans la foulée de l'annonce du retrait russe de la rive droite du Dniepr et alors que l’hiver arrive, mal accueillis à Kiev et rapidement contre-balancés par le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.
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Evoquant une position «partagée par l'ensemble du gouvernement américain», le haut fonctionnaire démocrate avait réfuté «toute pression» pour pousser Kiev à s’assoir à la table des négociations. Selon CNN, si les déclarations de Milley ont peu surpris à Washington, elles auraient «suscité l’inquiétude, chez certains, que l'administration apparaisse divisée aux yeux du Kremlin». «On va faire tout ce que l’on peut» pour mettre les Ukrainiens dans la «meilleure position possible sur le champ de bataille» afin qu’ils soient dans la «meilleure position possible à la table des négociations», avait insisté Jake Sullivan auprès de la presse.
«Notre objectif est de continuer à leur fournir les moyens de réussir dans leurs efforts» militaires, assurait le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, présent à la conférence de presse du 16 novembre aux côtés du général Milley. «Quel est le bon moment pour négocier ? Nous l'avons dit à plusieurs reprises, les Ukrainiens vont décider de cela, pas nous, et nous les soutiendrons aussi longtemps qu'il le faudra», insiste cet ex-commandant des forces d'occupation américaines en Irak.
«Il y a peut-être une solution politique», estime Mark Milley
Bien que reprenant la ligne de son ministre, le général Milley souligne néanmoins auprès des journalistes que l’Ukraine n’est pas un «petit morceau» de territoire. Le général américain estime à ce propos que la probabilité des forces ukrainiennes de déloger les Russes de «près de 20%» de ce territoire qu’ils «occupent» est tout aussi faible.
«La probabilité d'une victoire militaire ukrainienne – définie comme l'expulsion des Russes de toute l'Ukraine y compris de ce qu’ils désignent comme la Crimée – la probabilité que cela se passe de sitôt n'est pas élevée, militairement» déclare le chef d’état-major américain – la Crimée, revendiquée par Kiev, ayant été rattachée à la Russie en 2014 à l'issue d'un référendum contesté par les autorités ukrainiennes et occidentales. «Politiquement, il y a peut-être une solution politique où – politiquement – les Russes se retirent. C'est possible», poursuit le général Milley.