Référendums d'adhésion à la Russie : le oui l'emporte à Kherson, Zaporojié, Lougansk et Donetsk
Les Républiques de Donetsk et Lougansk, reconnues par Moscou, ainsi que les zones sous contrôle russe des régions de Kherson et Zaporojié, réclament leur adhésion à la Russie à l'issue d'un référendum, dénoncé comme illégitime par les Occidentaux.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déclaré ce 29 septembre devant la presse que «toute décision de procéder à l'annexion des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia n'aurait aucune valeur légale et mérite d'être condamnée».
«Cela s'oppose à tout ce que la communauté internationale est supposée représenter. Cela bafoue les buts et les principes des Nations unies. C'est une dangereuse escalade. Cela n'a pas de place dans le monde moderne. Cela ne doit pas être accepté», a-t-il encore dit.
Après la victoire du «oui» à l'adhésion à la Russie lors du référendum organisé dans quatre régions (Donetsk, Zaporojié, Lougansk, et Kherson), les autorités locales ont demandé leur adhésion à la Fédération de Russie.
Après la victoire du «oui» à l'adhésion à la Russie dans les Républiques de Donetsk et Lougansk, ainsi que dans les régions de Zaporojié et Kherson, les observateurs internationaux du scrutin font le point lors d'une conférence de presse.
Référendums d'adhésion à la Russie : conférence de presse des observateurs internationaux
— RT France (@RTenfrancais) September 28, 2022
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📯 https://t.co/fiIqEB0Iydhttps://t.co/oPB3DB7Nv1Après l'annonce de résultats validant largement l'adhésion à la Russie des quatre territoires consultés, les pays occidentaux ont dénoncé un vote «manipulé», soulignant qu'ils n'en reconnaissaient pas les résultats. Moscou a défendu la légalité du scrutin, mettant en avant la présence d'observateurs, tandis que les dirigeants locaux se sont réjoui de cette nouvelle étape.
Denis Pouchiline, dirigeant de la République populaire de Donetsk, a réagi aux résultats lors d'une conférence de presse, affirmant : «Le référendum a eu lieu. Le chemin a été long pour en arriver là – et voilà, le résultat est colossal. Dire qu’on ne s’attendait pas à un tel résultat serait mentir. Personnellement, je croyais et je crois toujours en le Donbass. Je crois en nos gens. Nous voulions cela depuis très longtemps. On en rêvait en 2014, et ensuite, on écrivait l’histoire, c’est ainsi. Ce sont en ce moment des jours historiques, on se réunifie avec notre grande patrie, avec la grande Russie. Maintenant, on peut pousser un soupir de soulagement, prendre du repos pendant une demi-journée, et recommencer à créer, à construire, à reconstruire. Mais désormais, on ne le fera pas tous seuls : nos frères et nos amis sont avec nous.»
«Nous agirons pour protéger notre peuple: à la fois dans la région de Kherson, dans celle de Zaporijjia, dans le Donbass, et aussi dans les zones actuellement occupées de la région de Kharkiv et en Crimée», a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message enregistré au Conseil de sécurité de l'ONU.
«La reconnaissance par la Russie des pseudo-référendums comme normaux, la mise en œuvre du même scénario qu'en Crimée et une énième tentative d'annexer une partie du territoire ukrainien signifie que nous n'avons pas à discuter avec l'actuel président russe», a encore ajouté le dirigeant ukrainien.
La commission électorale de la République populaire de Donetsk a validé le référendum d'adhésion à la Fédération de Russie, annonçant que le oui l'avait emporté à 99,23%, pour un taux de participation de 97,51%.
« Les référendums sont terminés. Les résultats sont clairs. Bienvenue chez vous en Russie ! », a commenté Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, sur son canal Telegram.
La Commission électorale a officiellement annoncé que la région de Kherson a voté en faveur de l'adhésion à la Fédération de Russie à 87,05%.
La République populaire de Lougansk a quant à elle voté positivement à 98,42%, toujours selon les résultats officiels validés par la Commission électorale.
Dans la région de Zaporojié, le score rapporté officiellement s'élève à 93,11%.
«Nous avons beaucoup attendu ce moment. Nous avons passé par beaucoup de choses. Je suis moi-même habitante d'une zone près du front. C'était la douleur, les larmes, la peur tous les jours. Pour nous, pour tous les habitants de la République [de Donetsk] c'est une énorme fête. En premier lieu, j'attends la paix, que Donetsk revienne enfin à sa vie heureuse d'avant, c'est une énorme ville avec une gloire minière», a témoigné une électrice au micro de RT France à la sortie d'un bureau de vote de Donetsk.
Comme annoncé le 20 septembre par l'agence de presse russe RIA, un référendum portant sur une adhésion à la Russie est organisé du 23 au 27 septembre dans les Républiques populaires de Lougansk (RPL, environ 2 millions d'habitants) et de Donetsk (RPD, environ 4 millions d'habitants). Ces deux territoires avaient déclaré leur indépendance vis-à-vis de l'Ukraine en 2014, dans la foulée du coup d'Etat de Maïdan, et ont depuis subi un conflit armé avec Kiev. La RPL et la RPD ont été reconnues jusqu'ici par la Russie, la Syrie et la Corée du Nord.
Les autorités russes des régions de Kherson (environ 1 million d'habitants) et de Zaporojié (environ 1,5 million d'habitants) organisent elles aussi un référendum sur l'intégration de ces territoires à la Fédération de Russie, à partir de ce 23 septembre. L'armée russe a pris le contrôle d'une partie de ces régions, situées en Ukraine, dans le cadre de son «opération militaire spéciale».
Pour rappel, la Russie a lancé son offensive le 24 février dernier avec pour objectif, notamment, de porter secours aux populations du Donbass, qu'elle considérait menacées de «génocide» de la part de Kiev.
Des référendums «fictifs», dénoncent les Occidentaux
De nombreuses autorités occidentales ont décrié la volonté des autorités des Républiques du Donbass – qu'elles ne reconnaissent pas – d'organiser des référendums jugés fictifs et illégitimes. «Les Etats-Unis ne reconnaîtront jamais les prétentions de la Russie sur des parties prétendument annexées de l'Ukraine», avait ainsi déclaré dès le 20 septembre le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan. Il avait également dénoncé des «simulacres de référendums» organisés «hâtivement», selon lui, par la Russie.
Similairement, le chancelier allemand Olaf Scholz a jugé que «ces référendums fictifs [n'étaient] pas acceptables» et le président français Emmanuel Macron a fustigé devant l'Assemblée générale des Nations unies «un retour à l'âge des impérialismes et des colonies» et des scrutins constituant une «parodie».
Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié ««tous les amis et partenaires de l'Ukraine pour leur condamnation massive et ferme des intentions de la Russie d'organiser d'énièmes pseudo-référendums» – une référence au rattachement de la Crimée à la Russie en 2014, à l'issue d'un référendum non reconnu par les Occidentaux.