L'Insoumis Eric Coquerel élu à la tête de la commission des Finances de l'Assemblée nationale
Le député de La France insoumise, qui se revendique comme incarnant une «opposition systémique», a été élu président de la commission des Finances, l'un des postes majeurs de l'Assemblée nationale. Il a devancé le candidat du Rassemblement national.
Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, a été élu ce 30 juin président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Il devance notamment Jean-Philippe Tanguy, le candidat RN pour ce poste.
Ce membre fondateur du Parti de gauche ne cache pas ses ambitions, comme il le confiait dernièrement à Marianne : «La Nupes est en rupture avec le néocapitalisme. J'incarne une vraie opposition de système, la fin du "There is no alternative" de Thatcher. Nous sommes dans une opposition systémique au système néolibéral. Cela ne veut pas dire que nous n'allons pas jouer le jeu démocratique.»
Par sa disponibilité auprès des journalistes, Eric Coquerel s'est imposé depuis une dizaine d'années comme l'un des mélenchonistes les plus médiatiques, omniprésent dans les manifestations de toutes sortes, les piquets de grève, les luttes étudiantes ou dans les banlieues.
Eric Coquerel a en particulier organisé en novembre 2018 à Epinay (Seine-Saint-Denis) les premières «Rencontres des quartiers populaires». Au-delà de toutes les problématiques sociales et territoriales alors abordées, l'événement reste l'un des symboles de l'évolution de Jean-Luc Mélenchon et de LFI sur le voile vers une ligne que certains – à l'instar d'ex-LFI comme Georges Kuzmanovic – jugent communautariste. Le député est né le 30 décembre 1958 à Courbevoie d'une mère employée de bureau, et d'un père ayant profité de «l'ascenseur social» pour passer de titulaire d'un CAP à orthophoniste.
Avant le Parti de gauche, durant son parcours de militant, l'élu de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel a été adhérent à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), au Mouvement républicain et citoyen (MRC) de Jean-Pierre Chevènement et a fondé en 2003 le Mouvement pour une alternative républicaine et sociale (Mars).
La commission des Finances, une première opposition frontale entre la Nupes et le RN
A l'issue des élections législatives de juin, marquant l'échec des macronistes à obtenir une majorité absolue, le RN et la Nupes avaient tous deux revendiqué le poste de président de la commission des Finances. Cet organe, qui examine tous les projets de budget avant leur examen dans l'Hémicycle, est l'un des plus puissants et prestigieux de l'Assemblée.
Fragilisée par les résultats du scrutin, la Premier ministre Elisabeth Borne avait pour sa part promis que la majorité «respecterait les traditions» et ne prendrait pas part au scrutin, laissant les oppositions s'organiser.
Numériquement, l'alliance de gauche Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) partait favorite avec son candidat commun Eric Coquerel. Néanmoins, en face, le RN revendiquait le statut de premier parti d'opposition grâce à ses 89 députés, contre quelque 75 Insoumis, une trentaine de socialistes, 23 écologistes et une vingtaine de communistes. Aux yeux du candidat RN, Jean-Philippe Tanguy, la Nupes est ainsi «en rupture avec la pratique républicaine» en ne laissant pas la présidence de la commission au plus gros groupe d'opposition. L'usage prévalait jusqu'ici, sans figurer dans le règlement qui stipule simplement que le poste doit revenir à un élu d'un groupe d'opposition.