Mélenchon propose de former un groupe parlementaire unique de la Nupes, ses alliés s'y opposent
- Avec AFP
Le leader des insoumis a suggéré que les composantes de la coalition de gauche se fondent dans un seul groupe parlementaire. Une perspective qui a été rapidement rejetée par les socialistes, les communistes et les écologistes.
«La Nouvelle union populaire écologique et sociale devrait se constituer comme un seul groupe» à l'Assemblée nationale, a proposé Jean-Luc Mélenchon le 20 juin, inquiet de l'obtention de 89 députés par le Rassemblement national (RN), qui place la formation de Marine Le Pen en capacité de lui disputer la place de première opposition à Emmanuel Macron. Il a d'ailleurs reconnu, à propos des performances de l'alliance des partis de gauche, que «le résultat est assez décevant».
La constitution d'un tel groupe unique permettrait «sans aucune discussion possible», de déterminer «qui mène l'opposition dans le pays», a-t-il estimé devant le siège de La France insoumise à Paris. Selon le leader des insoumis, cette proposition se justifie par la nouvelle donne à l’Assemblée nationale, que «personne n'avait vu arriver». Il souhaiterait ainsi ne pas amplifier «la confusion» par un «éparpillement».
"Le résultat est assez décevant [...] il crée une situation ingérable" admet Jean-Luc Mélenchon au lendemain des élections législatives pic.twitter.com/6KdmrpXmJ7
— BFMTV (@BFMTV) June 20, 2022
«Naturellement je m'en remettrai à ce que décideront les groupes», a-t-il déclaré, insistant sur le fait que l’alliance devait rester «une alternative unie». Interrogé sur les discussions sur ce point avec le Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) et le Parti communiste français (PCF), Jean-Luc Mélenchon a indiqué que le sujet avait été évoqué dès le 19 juin au soir, en citant comme interlocuteurs le premier secrétaire du PS Olivier Faure et le chef d'EE-LV Julien Bayou.
«Il n'a jamais été question d'un groupe unique», «On est mis devant le fait accompli» : les alliés de Mélenchon se rebiffent
L'annonce a rapidement fait réagir Valérie Rabault, chef de file des socialistes à l'Assemblée nationale lors de la précédente législature, qui s'est d'ores et déjà opposée à la proposition : «La gauche est plurielle, elle est représentée dans sa diversité à l'Assemblée Nationale. C'est une force au service du peuple français. Vouloir supprimer cette diversité est une erreur et je m'y oppose», a-t-elle tweeté aussitôt après la déclaration de Jean-Luc Mélenchon.
D'après l'élue du Tarn-et-Garonne interrogée par l'AFP, la «seule solution» pour les macronistes privés de majorité absolue est de «négocier texte par texte, ce qui est très bien».
La gauche est plurielle, elle est représentée dans sa diversité à l' @AssembleeNat
— Valérie Rabault 🇨🇵🇪🇺🇺🇦 (@Valerie_Rabault) June 20, 2022
C'est une force au service du peuple français.
Vouloir supprimer cette diversité est une erreur, et je m'y oppose. https://t.co/uZlNinx2V7
«Il n'a jamais été question d'un groupe unique. Il y aura un groupe socialiste à l'Assemblée nationale», a renchéri Pierre Jouvet, porte-parole du PS. «Pas question de se fondre dans un groupe unique», a pour sa part réagi le porte-parole d'EE-LV, Alain Coulombel. «On a un contrat avec la Nupes et je pense que c'est pareil pour le PCF et le PS: il était convenu que chacun ait son propre groupe. Cette proposition est inappropriée par rapport à l'engagement mutuel. On est mis devant le fait accompli», a-t-il dénoncé.
«Avoir un groupe propre est un des éléments de l'accord, nous avons toujours été clairs à ce sujet», a précisé à l'AFP Igor Zamichiei, numéro 2 du PCF, ne s'opposant en revanche pas à la formule d'un intergroupe.
«C'est une proposition, pas une injonction. Ça n'empêche pas chaque partie d'avoir une délégation, comme au Parlement européen, qui s'auto-organise», avait tenté de rassurer Jean-Luc Mélenchon dans sa déclaration. «Dussions-nous perdre quelques moyens matériels, j'estime que c'est dérisoire par rapport à l'enjeu politique qui se dessine devant nous», a-t-il avancé, faisant référence aux règles de financement des partis.
Course avec le RN pour le contrôle de la commission des Finances
Retoquée par ses alliés, la proposition du chef des insoumis est liée à la bataille qui oppose déjà la Nupes au Rassemblement national, désormais fort de 89 députés, pour contrôler la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Stratégique, le poste de président de celle-ci revient traditionnellement depuis 2007 au groupe d'opposition le plus important.
Or, à elle seule, La France insoumise ne dispose pas d’un nombre suffisant d’élus pour y prétendre, s'appuyant sur un peu plus de 70 députés contre 23 pour les Verts et 26 pour les socialistes. Selon le député du Nord Adrien Quatennens, interviewé ce 20 juin sur LCI, considérer la Nupes comme un ensemble permet d'en faire «la force d’opposition la plus nombreuse» et justifierait le fait de voir cette commission lui revenir. «Nous la revendiquons», a-t-il indiqué.
Forte de sa percée électorale, Marine Le Pen a quant elle déclaré que le RN ne transigera sur «aucun des moyens qui lui [sont] accordé[s] par la tradition ou par les règles républicaines pour défendre les Français», y compris la présidence de ladite commission.