Coups d’Etat en Afrique : le deux poids, deux mesures de la France
Y a-t-il de bons et de mauvais coups d’Etat ? Bien que Paris condamne à chaque fois les putschs en Afrique, les autorités françaises se montrent plus ambiguës avec les autorités militaires qui servent leurs intérêts sur le continent.
Il y a de mauvais coups d’Etat et de bons coups d’Etat. Qui mieux qu’Emmanuel Macron pour nous l’expliquer ? Au Soudan, mais aussi dans des pays francophones comme le Mali, la Guinée ou le Burkina Faso, Paris condamne à chaque fois ces putschs. Cependant, le gouvernement français se montre parfois plus ambigu vis-à-vis des autorités militaires qui servent les intérêts de l'Hexagone sur le continent.
C'est le cas notamment du Tchad, où le général Mahamat Idriss Déby est devenu président du Conseil militaire de transition et président de la République en avril 2021 après la mort de son père Idriss Déby Itno, un militaire qui avait pris le pouvoir en 1990 à la faveur d'un putsch. Le pouvoir tchadien est aujourd'hui un allié indispensable de Paris dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
«La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. [J'appelle à promouvoir] la stabilité, l'inclusion, le dialogue, la transition démocratique», avait ainsi déclaré Emmanuel Macron lors de funérailles d'Idriss Déby.
Pourquoi alors ce deux poids, deux mesures de la France vis-à-vis des pouvoirs militaires africains ? Cette question a amené plusieurs personnalités africaines à questionner ouvertement les intentions de Paris sur le continent. «La France qui dit qu'elle défend la démocratie, elle est allée dans d'autres pays, elle a installé des chefs d'Etat qui ont fait des coups», a rappelé le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, le 25 janvier 2022.
Même son de cloche chez l'ancien directeur de la communication de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, Adama Gaye. «La France préserve l'uranium avec Areva qui est au Niger. Des parts de marché aussi avec les multinationales françaises qui viennent gagner les marchés de travaux publics et autres grands projets», a-t-il déclaré le 17 septembre 2021 au micro de Deutsche Welles.