Paris : près de 400 sans-abri ont posé leur tente dans le Marais
Environ 400 sans-abri, dont des familles avec enfants et des mineurs non accompagnés, ont planté des tentes à Paris sur la très chic place des Vosges afin de demander à l'Etat des solutions d'hébergement «dignes».
Environ 400 sans-abri ont installé ce 29 juillet des tentes place des Vosges, à Paris dans le IVe arrondissement, au cœur du quartier du Marais.
Ces sans-abri sont accompagnés par le «Collectif réquisitions», qui regroupe plusieurs associations, dont Utopia, solidarité migrants Wilson et Droit au logement (DAL).
En quelques minutes seulement, 300 tentes ont été installées à 13h sur les pelouses, réparties en trois espaces – «familles», «hommes seuls» et «mineurs» –, comme l'a constaté notre reporter sur place.
🔴Installation en cours sur la Place des Vosges à #Paris d’un camp de #migrants / réfugiés d’environ 400 personnes (nombreuses #femmes, des jeunes, des familles et #enfants). Les #associations (@Utopia_56, @SolidaritWilso1, …) demandent leur mise à l’abris. pic.twitter.com/2MoSzOfxEp
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) July 29, 2021
Dans ce coin de Paris, touristes et badauds cohabitaient donc avec les centaines de tentes bleues, rouges et jaunes.
«Nous avons choisi ensemble la place des Vosges [car] c'est un lieu touristique», explique pour RT France Philippe Caro, de Solidarité migrants Wilson.
«Ces opérations c’est pour rendre visibles les invisibles, on montre ce qui ne se voit pas d'habitude», argumente-t-il, ajoutant que l'opération sert également «à reloger et mettre à l'abri les gens».
Il soutient que tant que l'Etat ne règlera pas cette situation, les tentes resteront sur place. «On est obligés malheureusement d'en passer par là pour que la politique avance», ajoute le militant, qui appelle à ce que ces personnes soient logées de manière «digne et dans de bonnes conditions».
🔴Philippe Caro, membre du collectif Solidarité Migrants Wilson (@SolidaritWilso1): « Ces opérations c’est pour rendre visible les invisibles (...) et pour reloger et mettre à l’abri les gens ».#migrants#sanspapiers#Parispic.twitter.com/4DUEiKoWYJ
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) July 29, 2021
«La France est une terre d’accueil, on doit accueillir les réfugiés dignement [mais] malheureusement ce n’est pas le cas et on est obligés aujourd’hui [...] de passer par ces actions-là», confirme le président d’Enfants d'Afghanistan et d'ailleurs, Reza Jafari, également contacté par nos soins. Il déplore que ce type de mobilisation dans des endroits «symboliques» soit le seul moyen de pousser le gouvernement à agir. Selon Reza Jafari, lorsque les associations contactent et «alertent» directement les services de l'Etat, «rien ne se passe».
🔴Reza Jafari (@reza_jafari75), président d’Enfants d'Afghanistan et d'ailleurs: « La #France est une terre d’accueil, on doit accueillir les #réfugiés dignement mais malheureusement ce n’est pas le cas et on est obligé aujourd’hui de passer par ces actions là ». #Parispic.twitter.com/afBpYoMGcY
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) July 29, 2021
Une femme sans-papier a raconté sa situation au micro de RT France : «Je suis de Côte d’Ivoire, je suis en France depuis 2008 et mon mari est décédé en 2016. Malheureusement l’appartement ne porte pas mon nom et on m’a dit de quitter l’appartement. Je me suis retrouvée à la rue.»
🔴Groguhe Héléne, #sanspapiers: « Je suis de Côte d’Ivoire, je suis en #France depuis 2008 et mon mari est décédé en 2016. Malheureusement l’appartement ne porte pas mon nom et on m’a dit de quitter l’appartement. Je me suis retrouvée à la rue ». #Parispic.twitter.com/ILYNAI2BhR
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) July 29, 2021
Sur Twitter, Utopia 56, qui recense 90 mineurs présents à cette manifestation, estime qu'«en laissant ces jeunes à la rue, la France bafoue quotidiennement les droits de l’enfant».
Plus de 90 jeunes en recours de minorité sont présents place des Vosges à Paris. En laissant ces jeunes à la rue, la France bafoue quotidiennement les droits de l’enfant. pic.twitter.com/F2cBJKQDu5
— Utopia 56 (@Utopia_56) July 29, 2021
Dans un communiqué, le DAL explique qu'il s'agit de la neuvième action du «Collectif réquisitions». En mai, cette organisation connue pour ses actions coup de poing et des sans-abri avaient occupé un gymnase appartenant à la mairie de Paris. Fin janvier, c'était une ancienne école maternelle du XVIe arrondissement, puis mi-février l'Hôtel-Dieu.
Occupation en cours de la place des Vosges à Paris par le Collectif #Réquisitions avec plus de 400 pers. sans-abri dont des familles avec enfants pour demander l’hébergement immédiat jusqu’au relogement de touTEs et l’application de la loi de réquisition ! 1toit=1droit! pic.twitter.com/iLWQXZkXaV
— Droit Au Logement (@federationdal) July 29, 2021
Le Collectif a «permis à près de 3 000 personnes de ne plus vivre dans la rue ou un abri de fortune. L'installation dans l’espace public de plusieurs centaines de sans-abri a été le seul moyen de faire respecter leur droit à être hébergés jusqu’à leur relogement», assure le DAL.