«J'vais te faire une Samuel Paty» : Mila à nouveau menacée de mort après une vidéo anti-islam
Dans une vidéo publiée sur TikTok, Mila, adolescente menacée de mort, a de nouveau fustigé l'islam en des termes très crus avant d'être menacée en retour, avec des allusions à l'enseignant décapité Samuel Paty. Une enquête a été ouverte.
Mila – l'adolescente iséroise de 16 ans dont les virulentes critiques sur l'islam en janvier dernier lui ont valu un déferlement de menaces de mort qui l'empêchent aujourd'hui d'être scolarisée – a posté un nouveau message, provoquant de nombreuses réactions particulièrement violentes sur les réseaux sociaux, mais obtenant aussi des messages de soutien.
Dans cette vidéo diffusée le 14 novembre sur le réseau social TikTok, Mila a notamment déclaré : «Surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j'les ai toujours pas sortis.»
Les réactions d'hostilité et menaces suite à ces propos outranciers ont déferlé sur les réseaux sociaux. Dans un autre message, Mila a déclaré, capture d'écran à l'appui, que certains internautes promettaient à la jeune femme le même sort que le professeur de collège Samuel Paty, décapité par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
Dites vous que j’ai du recevoir des menaces faisant allusion à Samuel Pathy un bon millier de fois. pic.twitter.com/LsXykRn6iQ
— Mila (@magicalorrs) November 15, 2020
La veille, quelques temps après avoir publié sa vidéo sur TikTok, Mila faisait déjà l'objet d'un «lynchage», selon elle : «Le lynchage que je vis est hard. Je reçois une trentaine de menaces et messages haineux à la minute. Les frustrés ne comprendront donc jamais que j'ai plus de peine pour eux et leur secte qu'autre chose mdr [mort de rire].»
Le lynchage que je vis est hard. Je reçois une trentaine de menaces et messages haineux à la minute. Les frustrés ne comprendront donc jamais que j’ai plus de peine pour eux et leur secte qu’autre chose mdr
— Mila (@magicalorrs) November 14, 2020
Plusieurs personnalités ont condamné sur les réseaux sociaux les menaces dont Mila fait l'objet.
Ce n’est plus de la controverse c’est de la persécution, contre une mineure qui plus est
«La jeune Mila est de nouveau cible de harcèlement, menaces de mort, photomontages morbides... Ce n'est plus de la controverse c'est de la persécution, contre une mineure qui plus est. J'adresse dès lundi [16 novembre au] matin un signalement au Procureur», a déclaré sur Twitter la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa.
La jeune #Mila est de nouveau cible de harcèlement, menaces de mort, photomontages morbides...
— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) November 15, 2020
Ce n’est plus de la controverse c’est de la persécution, contre une mineure qui plus est.
👉🏾 J’adresse dès lundi matin un signalement au Procureur (article 40)#ProtegeonsMila#Justice
«A l'attention de tous ceux qui trouvent sage de dire que "rien ne justifie la violence bien sûr, mais quand même, Mila exagère..." Voici les êtres à qui vous fournissez une excuse. Lisez ! #JeSuisMila et je vous emmerde, avec votre "respect"», a quant à lui lancé sur Twitter l'écrivain Raphaël Enthoven.
A l'attention de tous ceux qui trouvent sage de dire que "rien ne justifie la violence bien sûr, MAIS quand même, #Mila exagère..."
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) November 15, 2020
Voici les êtres à qui vous fournissez une excuse. Lisez ! #JeSuisMila et je vous emmerde, avec votre "respect". #libertéhttps://t.co/faRyNI8QzA
Et d'ajouter dans un second tweet : «Ce n'est pas Mila ni ses soutiens qui hystérisent le débat. Ce sont les gens qui veulent lui couper la tête pour avoir mis un doigt dans le cul à un Dieu de fantaisie. Qui n'est pas capable de comprendre une chose pareille ? Sérieusement ?»
«Elle est courageuse et sereine, son âme d'artiste et son intelligence l'amènent à dépasser cette pression que les attardés islamistes tentent d'exercer sur elle. Un entourage stable, des amis, tout ce que les lâches n'ont pas. On est nombreux à tes côtés ma grande !», a pour sa part fait savoir le journaliste Mohamed Sifaoui.
#JeSuisMila
— Mohamed Sifaoui (@Sifaoui) November 15, 2020
Elle est courageuse et sereine, son âme d’artiste et son intelligence l’amènent à dépasser cette pression que les attardés islamistes tentent d’exercer sur elle
Un entourage stable, des amis, tout ce que les lâches n’ont pas.
On est nombreux à tes côtés ma grande ! https://t.co/dGlRGFYjxU
Mila a également reçu le soutien de l'essayiste Waleed Al-Husseini, qui a déclaré sur Twitter : «Mila de nouveau menacée par des ado-djihadistes amusés qui font référence à Samuel Paty. Et les organisations LGBT et de gauche sont toujours aussi silencieuses. Il faut prendre au sérieux ces menaces !»
#Mila de nouveau menacée par des ado-djihadistes amusés qui font référence à Samuel Paty.
— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) November 15, 2020
Et les organisations lgbt et de gauche sont toujours aussi silencieuses.
Il faut prendre au sérieux ces menaces !#jesuismila Tout mon soutien
Enquête ouverte
Le parquet de Vienne (Isère) a annoncé le 15 novembre l'ouverture d'une enquête pour «menaces de mort par écrit et harcèlement électronique» dans un communiqué.
Cette enquête, «confiée en co-saisine à la division de lutte contre les crimes de haine de l'office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les génocides, les crimes de guerre et les crimes de haine, ainsi qu'à la section de recherche de la gendarmerie nationale de Grenoble», est «diligentée des chefs de menaces de mort par écrit et harcèlement électronique», a précisé le procureur de la République, Audrey Quey.
Selon la magistrate, les auteurs de ces menaces, une fois identifiés, seront poursuivis en justice et encourent jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
L'adolescente menacée depuis janvier
Mila est la cible de menaces de mort et d'insultes après avoir, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le 18 janvier, critiqué l'islam de manière virulente, en réaction à des insultes et menaces reçues en raison de son orientation sexuelle de la part d'internautes. «Je déteste la religion, le Coran est une religion de haine, il n'y a que de la haine là-dedans. L'islam c'est de la merde. [...] Votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul», avait-elle notamment déclaré.
Invitée le 3 février à l'émission Quotidien sur TMC, Mila avait notamment dit ne «pas regretter» ses propos, revendiquant son «droit au blasphème». «Je ne regrette absolument pas mes propos, c'était vraiment ma pensée», a ainsi déclaré la jeune fille avant de préciser : «Je m'excuse un petit peu pour les personnes que j'ai pu blesser, qui pratiquent leur religion en paix, et je n'ai jamais voulu viser des êtres humains, j'ai voulu blasphémer, j'ai voulu parler d'une religion, dire ce que j'en pensais.»
En juin dernier, les parents de Mila alertaient les pouvoirs publics et la presse quant à la déscolarisation de leur fille. Mila n'a en effet pu trouver aucun établissement public pour l'accueillir, ceux-ci se disant «dans l'impossibilité d'assurer sa sécurité». Elle a donc été placée dans un internat en attendant.
Que je ne te revoie pas, sinon je vais t'étrangler
Par ailleurs, dans son édition du 9 septembre, Le Canard enchaîné avait révélé que la jeune femme aurait été reconnue par un homme dans un restaurant de son hôtel à Malte, où elle réalisait un séjour linguistique, le 15 août dernier. L'individu se serait alors approché d'elle afin de confirmer son identité, et, une fois cela fait, l'aurait violemment prise à partie. D'après le journal satirique, les menaces «de mort et de viol» ont fusé. «On va te violer dans une cave», «je vais violer ta mère», aurait lancé le jeune homme qui, selon Mila, a proféré ces insultes «au nom d'Allah». «Que je ne te revoie pas, sinon je vais t'étrangler», aurait conclu l'individu, menaçant l'adolescente de diffuser sur les réseaux sociaux le lieu où elle passait ses vacances.
La police aurait aussitôt été avertie par le responsable linguistique du séjour. L'agresseur aurait été arrêté le lendemain dans sa chambre et aurait reconnu les faits. Le jeune homme, qui résiderait en France, aurait été condamné à un an de prison avec sursis.