L’épidémie est «en train de disparaître à Marseille» selon Raoult, l’ARS n'est pas de cet avis
Didier Raoult, le directeur de l'IHU Méditerranée Infection, affirme dans une vidéo que le nombre de positifs chez les nouveaux cas détectés à Marseille diminue de manière très significative. L’ARS a répliqué que ses conclusions étaient prématurées.
Dans une vidéo postée sur YouTube, le professeur Didier Raoult a soutenu que «l’épidémie était en train de disparaître progressivement» à Marseille. Dans ce bulletin d'information scientifique de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, il explique : «Il y a une diminution très significative du nombre de cas détectés et encore plus significative chez les gens qui viennent se faire détecter alors qu'ils sont asymptomatiques».
Lors du pic, jusqu'à 368 nouveaux cas par jour positifs au coronavirus étaient dénombrés à l'IHU, selon ses données. «On est plutôt dans la 60 à 80 nouveaux cas par jour aujourd'hui», affirme Didier Raoult, s’appuyant sur la pratique de tests, plus soutenue dans la cité phocéenne que dans le reste du territoire français.
Il est possible que l’épidémie disparaisse au printemps
Le professeur marseillais, ardent défenseur du traitement à l’hydroxychloroquine, se montre même optimiste : «Il est possible que l’épidémie disparaisse au printemps et d’ici quelques semaines il n’y ait plus de cas pour des raisons qui sont extrêmement étranges, mais qui sont des choses qu’on a l’habitude de voir pour la plupart des maladies virales respiratoires.»
L'agence régionale de santé conteste
Philippe de Mester, le directeur général de l'Agence Régionale ARS de Santé en PACA, n’a pas tardé à répliquer. «Il est tout à fait prématuré de pouvoir faire des pronostics sur la fin de l'épidémie. Nous n'en savons rien malheureusement. Nous enregistrons, c'est vrai, depuis quelques jours une diminution de la progression de l'épidémie, pas du tout une régression. L'épidémie va se poursuivre et ça va prendre encore des semaines», a-t-il déclaré en réponse à France Bleu, en insistant sur la nécessité de respecter le confinement pour éviter une seconde vague de contamination.
Les controverses ont fait rage dans le monde de la médecine et de la recherche ces dernières semaines quant aux propositions de Didier Raoult de généraliser le traitement à la chloroquine. Ces clivages ont provoqué l’incompréhension d’une certaine partie de la population française, étonnée qu’un protocole dit prometteur ne soit pas testé. Depuis fin mars, l’association d’hydroxychloroquine et d’azythromicine est évaluée dans le cadre du programme européen Discovery. Emmanuel Macron, lui-même a rendu visite au professeur Didier Raoult le 9 avril à Marseille.
La bithérapie que propose le professeur Raoult, il faut qu’elle soit testée
Cette rencontre tardive semble avoir convaincu le chef de l’Etat de l’intérêt de considérer son protocole. «Je suis en effet allé voir, pour comprendre et m’assurer que ce qu’il proposait était bien testé dans le cadre des essais cliniques», a expliqué Emmanuel Macron dans un entretien accordé à Radio France internationale (RFI). «La bithérapie que propose le professeur Raoult, il faut qu’elle soit testée. Lui l’utilise et a son propre protocole. Il y a un protocole qui a été autorisé par les autorités compétentes à Montpellier. Et il faut qu’on avance, qu’on montre l’efficacité et qu’on mesure la toxicité», a informé Emmanuel Macron, en incitant à la plus grande «prudence». A-t-il été convaincu par les arguments du professeur ? Le président français a répondu : «Je suis convaincu que c’est un grand scientifique, et je suis passionné par ce qu’il dit, et ce qu’il explique.»