Affaire Epstein : constatant des «liens avec la France», Schiappa demande une enquête
Après le «suicide apparent» de Jeffrey Epstein selon la formulation du FBI, deux secrétaires d'Etat français veulent l'ouverture d'une enquête en France. Mais le garde des Sceaux a rappelé que les poursuites n'étaient pas du ressort du gouvernement.
La secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa et le secrétaire d'Etat chargé de la Protection de l'enfance Adrien Taquet ont demandé ce 12 août l'ouverture d'une enquête en France sur les agissements de Jeffrey Epstein. Le milliardaire, accusé de trafic sexuel sur mineurs aux Etats-Unis, a été retrouvé mort dans sa cellule le matin du 10 août.
«L'enquête a mis en lumière des liens avec la France», notent Marlène Schiappa et Adrien Taquet dans un communiqué publié sur Twitter.
[📰Communiqué de presse] Affaire du réseau de viols sur mineures #Epstein : les secrétaires d'État @MarleneSchiappa et @AdrienTaquet demandent l'ouverture d'une enquête en France.
— Secrétariat d’État chargé de l'Égalité (@Egal_FH) August 12, 2019
En savoir + : https://t.co/b7uMzjbRgXpic.twitter.com/5KZXqSIddM
Et les deux membres du gouvernement de poursuivre : «Sa mort en prison met fin à la préparation du procès initialement prévu en 2020 et laisse ainsi de nombreuses questions sans réponses.»
Néanmoins, plus tard dans la journée, la ministre de la Justice a rappelé qu'en droit français il n'appartenait pas au gouvernement de décider des «poursuites». «Les poursuites ne sont pas des décisions du gouvernement. Depuis 2013, les instructions individuelles sont prohibées, conformément au principe d'indépendance de l'autorité judiciaire», a ainsi rappelé Nicole Belloubet dans un message transmis à l'AFP.
Liste de jeunes filles à Paris
Comme l'AFP s'en fait l'écho, une liste des contacts de Jeffrey Epstein était consignée dans un petit carnet noir. Selon des extraits publiés par plusieurs médias américains, le financier avait notamment répertorié une liste de jeunes filles à Paris.
Jeffrey Epstein a été interpellé le 6 juillet dans un aéroport du New Jersey dans son jet privé, à son retour de Paris, où il séjournait fréquemment. Proche des puissants et notamment de l'ex-président américain Bill Clinton qui l'aurait accompagné à plusieurs reprises à bord du jet surnommé le «Lolita express», l'homme d'affaire avait un carnet d'adresse particulièrement fourni. Celui-ci comptait ainsi les noms, pêle-mêle, de Donald Trump, du milliardaire Richard Branson, du magnat des médias Rupert Murdoch ou encore des anciens Premiers ministres israélien Ehud Barack et britannique Tony Blair.
Le FBI, qui a qualifié le décès de «suicide apparent» en attendant les conclusions de l'autopsie, a ouvert une enquête. La formulation des enquêteurs reste prudente, mais le décès de cet homme au carnet d'adresses prestigieuses, soulève «de graves questions auxquelles il faut répondre», de l'aveu même du procureur général des Etats-Unis William Barr, équivalent américain du ministre de la Justice. Les résultats de l'autopsie qui a été réalisée le 11 août devront y répondre. Mais les circonstances du décès, survenue dans le Metropolitan Correctional Center, l'une des prisons les plus sûres du pays, ont l'objet de nombreux commentaires réclamant des éclaircissements.
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