«1,6 policier par Gilet jaune» ? L'opposition fustige les mesures «anti-casseurs» d'Edouard Philippe
80 000 policiers déployés, création d'un fichier de «casseurs» : la réponse sécuritaire du Premier ministre, visant à mettre un terme aux violences commises en marge des manifestations des Gilets jaunes, ne convainc pas l'opposition.
Deux jours après l’acte 8 des Gilets jaunes, notamment marqué par des incidents à Paris et en province, le Premier ministre Edouard Philippe a promis la fermeté du gouvernement face aux «casseurs» lors de son intervention au journal de 20h sur TF1, le 7 janvier. Le locataire de Matignon, qui a averti que les auteurs d'actes de violences «n'aur[aient] jamais le dernier mot», a annoncé un renforcement du dispositif de sécurité lors de la prochaine mobilisation des Gilets jaunes avec 80 000 membres des forces de l'ordre, soit 1,6 policier par Gilet jaune en cas de mobilisation similaire à la précédente, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Une nouvelle loi durcissant les sanctions contre les «casseurs» a en outre été annoncée, ainsi que la création d’un fichier spécial afin de leur interdire l'accès aux manifestations. Mais pour l’opposition, qui estime que l'exécutif n'a pas répondu aux revendications du mouvement, le compte n’y est pas.
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Trop ou pas assez ? : l'opposition critique la réponse sécuritaire d'Edouard Philippe
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, a déploré la réponse strictement sécuritaire apportée par le Premier ministre face au mouvement des Gilets jaunes. Pour lui, ces derniers attendaient une mesure en faveur du pouvoir d'achat.
Le PM promet plus d'arrestation ?
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) 7 janvier 2019
On veut plus de pouvoir d'achat!
Même tonalité du côté du chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon qui a rebaptisé pour l'occasion le Premier ministre «roi des Shadoks».
#EdouardPhilippe autorise les manifestants à ne plus manifester, sinon ils seront fichés.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 7 janvier 2019
Le roi des Shadocks est à Matignon.
A l’instar de leurs homologues de gauche, les responsables politiques de droite ont également tiré à feu nourri sur les mesures annoncées par le Premier ministre. Florian Philippot, président des Patriotes, a qualifié d’«inefficace» et «liberticide» le fichage des «casseurs» souhaité par le chef du gouvernement.
Edouard Philippe va sur TF1 et n’annonce rien d’autre qu’un fichage supplémentaire, aussi inefficace et liberticide que les précédents...Justice sociale et mesures démocratiques attendront encore !
— Florian Philippot (@f_philippot) 7 janvier 2019
80 000 policiers ÷ 50 000 manifestants = 1,6 policier par Gilet jaune ?
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France, a lui choisi un sondage pour tourner en dérision les annonces d'Edouard Philippe. «Selon vous, en déployant 80 000 policiers pour 50 000 manifestants, le gouvernement veut vraiment : a) 1,6 policier par GJ ! b) se moquer de nous !»
👨🏫 Un peu de maths :
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 7 janvier 2019
- Samedi prochain, #EdouardPhilippe mobilisera 80.000 forces de l'ordre.
- Pourtant, il annonçait samedi dernier seulement 50.000 #GiletsJaunes (GJ) !
❓ Selon vous, en déployant 80.000 policiers pour 50.000 manifestants, le #Gouvernement veut vraiment :
De son côté, le président des Républicains Laurent Wauquiez a, au contraire, jugé qu’Edouard Philippe n'allait pas assez loin dans la logique répressive et a appelé au rétablissement de «l’état d’urgence». «Pourquoi ne pas nous écouter, au risque de voir samedi après samedi la situation dégénérer ?», s'est-il interrogé.
Les annonces d’@EPhilippePM sont sans efficacité immédiate. C’est tout de suite qu’il faut rétablir l’ordre. Il y a plus d’un mois, @lesRepublicains ont proposé l’état d’urgence. Pourquoi ne pas nous écouter, au risque de voir samedi après samedi la situation dégénérer ?
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 7 janvier 2019
Quelques soutiens émergent
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, également vivement critiqué par l’opposition sur la gestion du mouvement, a, sans surprise, salué l’intervention de son collègue du gouvernement : «Pleinement engagé derrière Edouard Philippe pour moderniser nos outils de maintien l’ordre, renforcer nos effectifs de forces mobiles et adapter notre dispositif face à cette ultra-violence qui dévoie la liberté de manifester et souille notre pacte républicain.»
Pleinement engagé derrière @EPhilippePM pour moderniser nos outils de maintien l’ordre, renforcer nos effectifs de forces mobiles et adapter notre dispositif face à cette ultraviolence qui dévoie la liberté de manifester et souille notre pacte républicain.https://t.co/o12KJu1YMF
— Christophe Castaner (@CCastaner) 7 janvier 2019
Dominique Bussereau, président de l'Assemblée des département de France, a estimé que «la réponse sécuritaire d’Edouard Philippe [était] légitime et adaptée à la spirale des violences». L'ancien ministre juppéiste a néanmoins regretté l’absence d’un «d’un grand Grenelle social».
#gilestjaunes La réponse sécuritaire d’@EPhilippePM est légitime et adaptée à la spirale des violences mais il manque toujours l’organisation d’un grand Grenelle social que le #DebatNational ne palliera pas. @CfdtBerger@EmmanuelMacron
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 7 janvier 2019
A l'issue de l'acte 8 des Gilets jaunes, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nunez avait fait savoir qu'une «réflexion» était «en cours» au gouvernement «pour savoir s'il [fallait] durcir les textes pour éviter ce genre de débordements et surtout qu'ils soient punis». Il avait entre autres évoqué «la mesure éventuellement d'avoir un fichier, d'avoir un durcissement de la législation pénale dans un certain nombre de circonstances».
Le même jour, le chef de l’Etat Emmanuel Macron avait notamment dénoncé l’extrême violence subie par la «République». La journée avait notamment été marquée à Paris par l’évacuation du porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux après une intrusion violente dans le bâtiment abritant ses bureaux le 5 janvier. Un groupe de Gilets jaunes avait utilisé un chariot élévateur pour s'introduire dans la cour du secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre.
Selon le ministère de l'Intérieur, les forces de l'ordre ont procédé à 345 interpellations. 281 personnes ont été placées en garde à vue.
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