France : toilettes obligatoires à bord des embarcations ostréicoles, une mesure houleuse
Source: Gettyimages.ruAdopté le 22 juillet 2025, l’arrêté imposant aux professionnels du secteur ostréicole d’équiper leurs embarcations de toilettes et d’un lavabo commence, en ce mois d’octobre, à susciter le mécontentement et l’incompréhension des ostréiculteurs en France.
Sur le papier, l’arrêté du 22 juillet 2025 a des intentions louables : améliorer les conditions de travail des professionnels de la mer en France, garantir des standards d’hygiène conformes et réduire les rejets d’eaux usées en milieu marin.
Le texte, qui s’applique sans distinction de taille aux barges ostréicoles, plates de travail et navires conchylicoles utilisés en mer ou en zone littorale, impose l’installation d’un espace d’hygiène comprenant toilettes et point d’eau, dont les équipements doivent être fixes, étanches et sécurisés.
Le ministère de la Mer et de la Transition écologique défend cette mesure : « C’est une étape nécessaire vers une modernisation des pratiques professionnelles et l’harmonisation des standards européens. » Le gouvernement invoque également la protection de l’environnement : selon lui, même de faibles rejets cumulés peuvent avoir un impact sur la qualité des eaux littorales, essentielles à la filière conchylicole.
La réalité du terrain
Factuellement, les ostréiculteurs travaillent à marée basse ou stabilisés dans une zone de culture, en moyenne trois heures par jour, et reviennent ensuite systématiquement à terre. On peut donc raisonnablement considérer que le risque sanitaire humain est très limité.
Philippe Le Gal, président du Comité régional de la conchyliculture de Bretagne Sud, est désabusé : « C’est complètement absurde de la part de l’administration, car c’est juste impossible à mettre en place. On parle de bateaux qui sortent quelques heures, pas de navires hauturiers. »
Et les conséquences pour la filière ne sont pas négligeables non plus. L’installation de ces aménagements aura un coût non négligeable et la perte d’espace de chargement signifie forcément une perte de rentabilité.
Une mesure pour plaire à Bruxelles
Ce débat révèle une fracture croissante entre les décideurs et ceux qui vivent réellement du territoire maritime. Si la protection de l’environnement est un objectif partagé par tous, encore faut-il que les moyens employés soient réalistes, proportionnés et applicables.
En voulant imposer une mesure pensée pour des navires de transport ou de croisière à des embarcations de travail côtières, l’État prend le risque de fragiliser une filière déjà soumise à la concurrence internationale, aux aléas climatiques et aux normes sanitaires toujours plus strictes.
Une question demeure : véritable politique environnementale ou simple exercice bureaucratique destiné à satisfaire Bruxelles, au prix de la survie d’un savoir-faire français séculaire ?