Guerre à Gaza : en France, un professeur en école de commerce suspendu suite à des «propos inadmissibles»

Guerre à Gaza : en France, un professeur en école de commerce suspendu suite à des «propos inadmissibles»© CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons
Le nouveau bâtiment de Toulouse School of Economics (photo d'illustration).
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La Toulouse School of Economics a annoncé le 4 septembre la suspension d’un de ses enseignants pour des propos sur la guerre à Gaza. Celui-ci avait notamment accusé, en plein cours, le gouvernement français de ne pas faire pression sur Israël et s'était étonné de la participation sous leur drapeau des athlètes israéliens lors des JO de Paris 2024.

«J’ai décidé de suspendre à titre conservatoire un des enseignants contractuels de TSE qui s’est exprimé dans un cours de mathématiques [...] sur la situation au Proche-Orient.»

C’est dans ce message publié sur X (ex-Twitter) que Christophe Gollier, le directeur de Toulouse School of Economics, une école de commerce toulousaine, a annoncé le 4 septembre qu’il suspendait un de ses enseignants pour avoir tenu des propos «sans relation avec la matière enseignée». «Le dossier sera instruit sur le fond dans les semaines à venir dans le cadre des processus disciplinaires en vigueur», a ajouté le chef d’établissement.

Le jour même, un extrait audio de quelques minutes, qui aurait été enregistré durant un cours de l’enseignant en question, avait été diffusé sur les réseaux sociaux. Dans celui-ci, on pouvait entendre l'homme évoquer le chiffre avancé début juillet par la revue scientifique britannique The Lancet, qui estimait alors à 186 000 le nombre de morts palestiniens «imputables» au conflit à Gaza.

«Cela continue», commente l'enseignant. «Tout le monde y passe, des enfants aux personnes âgées», poursuit-il, assurant n'avoir «jamais vécu une telle boucherie», une «telle guerre à sens unique». «Notre gouvernement, en France, soutient tacitement cette honte», accuse-t-il également, assurant que pour faire cesser ce carnage, il faudrait «au minimum faire pression sur le gouvernement israélien». Un «gouvernement d'extrême droite», se donne-t-il la peine de préciser.

L'enseignant confie se sentir «profondément honteux» que les athlètes israéliens aient pu être autorisés à concourir sous leurs drapeaux lors des Jeux olympiques de Paris, à représenter leur pays «pourtant coupable de tant d'exactions, alors qu'on l'a interdit aux Russes».

Proche-Orient : une «situation intenable», selon l'enseignant

Une référence claire aux sanctions qui ont été prises à l'encontre des athlètes russes et biélorusses, dans le cadre du conflit en Ukraine, le Comité international olympique (CIO) imposant notamment à ces derniers de participer aux JO de Paris sous bannière neutre.

«Je ne comprends pas cette distinction et je ne vois pas pourquoi on interdirait cela aux Russes et on permettrait aux Israéliens de représenter leur pays», insiste-t-il, fustigeant une «situation intenable».

L’enseignant ajoute qu'il est à ses yeux «totalement malhonnête de dire que le responsable de ce qui se passe actuellement, c'est le Hamas», estimant que «rien, absolument rien, ne justifie de massacrer une population civile».

Il cite notamment la position d'Amnesty International qui, avant la sanglante attaque lancée le 7 octobre par le Hamas contre l'État hébreu, «dénonçait déjà la politique d'apartheid qui était menée par le gouvernement israélien envers le peuple palestinien». Une politique qui, à ses yeux, renvoie notamment «à l'Afrique du Sud, à la France en Algérie», précise-t-il. Et d'ajouter : «Cette situation, en réalité, dure depuis 76 ans.»

Insistant sur le fait que «personne n'a une part de responsabilité» dans son assistance et qu'aucun «bouc émissaire» ne doit être désigné, l'enseignant invite ses élèves à participer à des manifestations de soutien à la Palestine ainsi qu'à se renseigner sur des campagnes de boycott de certains produits.

Le rôle d'un enseignant est de «lutter contre les fake news et les amalgames nauséabonds», estime Retailleau

«Ces propos sont inadmissibles», a fustigé la ministre démissionnaire de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, réagissant à cet extrait audio. «J'ai demandé à ce que les sanctions qui s’imposent soient prises», a-t-elle poursuivi, estimant que «le rôle de l'enseignant», était notamment «de combattre l’antisémitisme et toutes les discriminations, de lutter contre les fake news et les amalgames nauséabonds».

Ce professeur, qui avait été candidat sur une liste du Front de gauche en 2014, a reçu le soutien du député de La France insoumise de Haute-Garonne Hadrien Clouet. Dans un message publié sur X, celui-ci affirme qu’«il n'y a pas de devoir de réserve dans le supérieur». Et de dénoncer une «chasse aux sorcières en public» initiée selon lui par la ministre, «la justice internationale ayant reconnu un risque de génocide», en référence à la Cour internationale de justice qui, dans une ordonnance fin janvier, avait abondé dans le sens de l'Afrique du Sud en estimant qu'il existait un «risque réel et imminent» de «préjudice irréparable» pour la population de Gaza.

«Désinformation, amalgames, incitations à la haine, appels au boycott, apologie du terrorisme...», a fustigé sur X Shannon Seban, candidate Renaissance malheureuse aux législatives face à Mathilde Panot dans la 10e circonscription du Val-de-Marne. Appelant à des «sanctions exemplaires» contre l'enseignant, elle a dénoncé «une diatribe anti-israélienne qui n'a manifestement qu’un seul objectif : attiser la haine et diviser plutôt que de prôner un message de paix».

«Quelles sont les mesures que vous envisagez pour l’avenir en termes de sanctions et pour qu’une telle propagande ne se reproduise pas ?», a pour sa part interpellé la députée Renaissance des Français de l'étranger Caroline Yadan.

Israël a juré de «détruire» le Hamas en représailles à l'attaque sanglante menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement palestinien, qui a fait environ 1 200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. D'après le dernier bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, communiqué le 5 septembre, 40 878 personnes ont été tuées dans l'enclave palestinienne depuis le début du conflit avec Israël, qui va entrer dans son onzième mois.

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