France : après les critiques de la droite visant Aya Nakamura, ses partisans veulent la voir chanter aux JO

La star franco-malienne Aya Nakamura, qui pourrait chanter Edith Piaf en ouverture des Jeux Olympiques de Paris, se retrouve au cœur d'une polémique en France, ciblée par la droite, mais défendue par des artistes et la ministre des Sports.

Tout est parti d'une information de l'hebdomadaire français L'Express, assurant le 29 février que la chanteuse Aya Nakamura aurait évoqué avec le président Emmanuel Macron son éventuelle participation à la cérémonie d'ouverture des JO (26 juillet-11 août). Avec la possibilité de reprendre Edith Piaf.

Bien que ni le chef de l'Etat, ni la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde n'aient confirmé cette rumeur, l'idée a fait monter au créneau la droite.

Dimanche, des huées se sont fait entendre à l'évocation de celle-ci lors du premier grand meeting de campagne pour les élections européennes du parti Reconquête!, le parti d’Eric Zemmour, à Paris. Ce dernier a déclaré que «les bébés ne votent pas pour le rap ou la lambada ou Aya Nakamura, ils votent pour Mozart!».

Par ailleurs, un petit groupe identitaire, Les Natifs, a posté sur les réseaux sociaux une photo d'une banderole tendue par une dizaine de ses membres sur les bords de Seine. «Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako !», peut-on y lire. L'expression «Y'a pas moyen» est tirée du hit «Djadja», qui cumule plus de 950 millions de vues sur YouTube.

«Je vous dois quoi en vrai? Kedal»

Aya Nakamura a vivement réagi sur les réseaux sociaux, en accusant ses détracteurs d'être «racistes». « Je deviens un sujet d'état numéro 1» et c'est ça «qui vous fait mal», a-t-elle lancé, avant de conclure: «je vous dois quoi en vrai ? Kedal».

Les adversaires de la droite se mobilisent

Dadju, l'un des poids lourds du R'N'B en France, a aussi pris la défense de la chanteuse: «C'est pour ça qu'on est en retard ici. Vous lynchez la plus grosse artiste du pays avec des arguments de CM1». «C'était même pas un combat mais mtn (maintenant) faut qu'elle chante».

La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a également apporté son soutien à la chanteuse: «Chère @AyaNakamura, foutez-vous du monde entier. Avec vous».

« Ils prétendent aimer leur pays mais ils veulent en exclure la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis Edith Piaf. On ne peut pas être raciste et patriote en France», a fustigé de son côté le député de la gauche radicale Antoine Léaument.

«C'est une polémique partie d'une France rance mais ce n'est pas eux qui vont décider. J'espère qu'elle va chanter aux JO, ça devient impérieux», a affirmé à l'AFP Carole Boinet, directrice de la rédaction du magazine français Les Inrockuptibles, marqué à gauche.

Les anti-Aya Nakamura raillent les libertés qu'elle prend avec la langue française, comme dans «Djadja». Eugénie Bastié, grand reporter au Figaro, citant «J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça», ironisait sur CNews le 1er mars, évoquant «le rayonnement de la langue française dans le monde». «C’est Mallarmé, on ne comprend pas tout de suite mais il y a quelque chose», lui a répondu Pascal Praud, tout aussi sarcastique.

Nakamura revendique une «double culture»

«Je peux comprendre que certains se disent : "Pour qui elle se prend celle-là, à nous narguer avec notre langue française" mais c'est important d'accepter la culture des autres et, moi, j'ai une double culture», disait la star récemment à l'AFP.

«Aya Nakamura a inventé cette langue qui est formidable. Elle a des tubes dingues, la France devrait s'enorgueillir d'avoir une artiste comme elle connue à l'international», plaide Carole Boinet.