«Un engrenage qui pourrait être mortifère» : Bardella réagit à la demande de Kiev d'intégrer l'OTAN
Le candidat à la présidence du Rassemblement national a émis des réserves fermes sur l'adhésion à l'OTAN demandée par Kiev. Selon lui le statut du pays, en situation de conflit armé, créerait «les conditions d'une cobelligérance» des pays membres.
Sur le plateau de l'émission Le Grand Rendez-vous – commune à Europe 1, CNews et Les Echos –, le vice-président et prétendant à la présidence du Rassemblement national Jordan Bardella est revenu sur la demande d'adhésion accélérée de l'OTAN récemment formulée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Je pense que l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN (...) pourrait faire rentrer l'Europe et le monde dans un engrenage qui pourrait être mortifère et extrêmement dangereux." @J_Bardella dans #LeGrandRDV sur #Europe1pic.twitter.com/PYDF55MDU4
— Europe 1 🎧🌍📻 (@Europe1) October 2, 2022
L'eurodéputé a dans un premier temps estimé que la Russie était en train de «créer autour d'elle les conditions d'un isolement partiel ou relatif sur la scène internationale», assurant que des pays traditionnellement bienveillants envers la Russie «comme la Serbie ou le Kazakhstan» montraient des réserves devant l'attitude de Moscou. «On voit que y compris la Chine a marqué une prudence dans son vote au Conseil de sécurité de l'ONU [elle s'est abstenue] sur la reconnaissance de ces territoires et sur ces référendums dont personne ne peut admettre le résultat», a-t-il entre autres expliqué, qualifiant la politique de Vladimir Poutine de «sans issue».
Pour autant, accepter la demande ukrainienne d'adhésion à l'OTAN pourrait selon lui «faire entrer l'Europe et le monde dans un engrenage qui pourrait être mortifère et extrêmement dangereux». «Si l'Ukraine rentre dans l'OTAN, tous les pays de l'OTAN ont un devoir par définition d'assistance à l'Ukraine qui est un pays agressé, qui est un pays en guerre», a-t-il ajouté, expliquant qu'une telle perspective créerait «les conditions d'une cobelligérance» des pays de l'Alliance. Pour lui, la France doit «continuer à trouver les moyens de la paix».
L'adhésion à l'OTAN doit être approuvée «à l'unanimité» par les 30 pays membres, rappelle Stoltenberg
Le président ukrainien a annoncé le 30 septembre que l'Ukraine allait signer une demande d'adhésion accélérée à l'OTAN, après que Moscou a formalisé le rattachement à la Fédération de Russie des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ainsi que des territoires de Zaporojié et de Kherson – une procédure jugée «illégale» par Kiev et les Occidentaux – à l'issue d'un discours de Vladimir Poutine au Kremlin.
«Nous adoptons une mesure décisive en signant la candidature de l'Ukraine en vue d'une adhésion accélérée à l'OTAN», a déclaré Volodymyr Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Sur cette question, le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg est resté évasif, rappelant qu'une adhésion devait être approuvée «à l'unanimité» par les 30 pays membres.
La Russie a maintes fois mis en garde contre un élargissement toujours plus à l'Est de l'Alliance atlantique, et particulièrement contre toute initiative visant à faire adhérer l'Ukraine à l'OTAN, une perspective qu'elle considère comme une atteinte à sa sécurité. Selon Vladimir Poutine, un des objectifs de l'«opération spéciale» lancée le 24 février par l'armée russe en Ukraine était d'ailleurs de «démilitariser le pays».
Dans un document rendu public ce 2 octobre, la Cour constitutionnelle russe a affirmé qu'elle reconnaissait et a jugé «conformes à la Constitution de la Fédération de Russie» les traités signés avec Moscou par les quatre entités territoriales situées à l'est et au sud de l'Ukraine. Les parlementaires russes doivent entériner les accords lors d'un vote ces prochains jours.