Pétrole : Washington et Tokyo vont puiser dans leurs réserves pour faire baisser les prix
- Avec Reuters
Confrontée à un baril de brut proche de 80 dollars, l’administration américaine s’apprête à puiser dans ses réserves dans le but de faire baisser les prix. Le Japon handicapé sur les marchés du brut par un yen en baisse pourrait suivre.
Le département américain de l'Energie devrait annoncer ce 23 novembre un recours à la réserve pétrolière stratégique (SPR- Strategic Petroleum Reserve) des Etats-Unis en coordination avec des mesures similaires prises par d'autres pays, selon une source au sein de l'administration du président Joe Biden citée par Reuters.
Ce recours à la SPR vise à lutter contre la flambée des prix du brut dans un contexte plus général de hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis qui préoccupe le leader démocrate dans la perspective des élections au Congrès l'an prochain.
Bras de fer entre l'Opep et Washington
Reuters avait déjà annoncé plus tôt ce mois-ci que Washington avait demandé à plusieurs pays grands consommateurs de pétrole – Chine, Inde, Corée du Sud et Japon – de débloquer leurs réserves de pétrole, mais dans un premier temps sans résultats.
La Maison Blanche a par ailleurs exhorté à plusieurs reprises l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à accélérer la hausse de sa production. Toutefois, alors qu'une réunion de l'Opep est prévue le 2 décembre, Washington n'a pas réussi à la convaincre, pas plus que ses alliés dont la Russie, réunis au sein de l'Opep+. Les producteurs ont jusqu’ici argué qu’il n’y avait pas de pénurie de pétrole et fait savoir qu’ils n’augmenteraient pas leur production au-delà des 400 000 barils par jour supplémentaires prévus de longue date.
Mais le Japon envisage aujourd’hui de puiser dans ses réserves de pétrole, selon l’agence de presse japonaise Kyodo, qui rapporte que le nouveau Premier ministre Fumio Kishida a fait savoir qu'il était prêt à agir face à la flambée des cours à la suite d'une demande des Etats-Unis. En principe, la législation du Japon ne lui permet d’utiliser ses réserves qu'en cas de contraintes d'approvisionnement et de catastrophes naturelles et non pour faire baisser les prix du marché.
Mais Fumio Kishida a déclaré devant la presse : «Nous examinons ce que nous pouvons faire légalement, en partant du principe que le Japon se coordonnera avec les Etats-Unis et les autres pays concernés.» Pauvre en ressources naturelles, le Japon fait venir la grande majorité de son pétrole du Moyen-Orient, mais la récente flambée des prix et la baisse du yen ont fait grimper le coût des importations.
Depuis le début de l’année, les prix du brut qui s’étaient effondrés en mars 2020, au moment du déclenchement de la pandémie de Covid-19 se sont ressaisis. Le baril de référence américain WTI qui cotait 47 dollars au début de l’année a tutoyé les 85 dollars en octobre (pour les contrats de livraison en décembre) avant de redescendre autour de 76 dollars. Sur la même période le Brent britannique est passé de 50 à plus de 80 dollars.