Pandémie : Guterres appelle à un «nouveau mécanisme» pour soulager la dette des pays pauvres
- Avec AFP
Le secrétaire général de l'ONU a appelé la communauté internationale à mettre en place un «nouveau mécanisme» pour soulager la dette des pays les plus pauvres. Six ont déjà fait défaut et un tiers fait face à un risque de crise budgétaire.
Antonio Guterres, a plaidé pour un «nouveau mécanisme de dette», lors d'une conférence sur le financement du développement organisée virtuellement au siège des Nations unies à New York le 29 mars. Pour le secrétaire général de l’organisation, ce nouveau système devrait offrir un large éventail d’options – y compris des échanges, des rachats et des annulations de dettes – car de nombreux pays ont hésité à s'endetter pendant la crise sanitaire mondiale, de crainte d'une dégradation de leur cote de crédit.
Il a également appelé les pays du G20 à prolonger le moratoire sur les paiements des prêts des pays débiteurs – en place depuis avril 2020 – jusqu'en 2022, et à proposer cette solution aux pays à revenus intermédiaires qui le souhaitent. Mais jusqu’ici l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD), n’a concerné que 5 milliards de dollars (4,25 milliards d’euros) de créances pour une quarantaine de pays, à comparer, par exemple, au 750 milliards d’euros du plan de relance européen.
«Nous devons changer les règles», a déclaré Antonio Guterres lors de cette réunion à laquelle participaient des dizaines de chefs d'Etat, ainsi que des dirigeants du FMI, du Groupe de la Banque mondiale et de l'OCDE. «Nous sommes au bord d'une crise de la dette», a averti le secrétaire général en notant qu'un tiers des économies émergentes étaient exposées à un risque élevé de crise budgétaire.
120 millions de personnes dans la pauvreté absolue
Antonio Guterres a aussi remarqué que les pays du G20 avaient dépensé près de 16 000 milliards de dollars (13 600 milliards d’euros) pour relancer leurs économies, soit 580 fois plus par habitant que les pays en voie de développement. Il a, en outre, souligné que six pays étaient actuellement en défaut de paiement, dont la Zambie et le Liban et que la pandémie a plongé 120 millions de personnes dans la pauvreté absolue.
Le secrétaire général s’est aussi inquiété que les pays les plus pauvres ne puissent pas non plus accéder aux vaccins, «qui constituent la voie la plus rapide pour sortir de la pandémie». Il a donc insisté pour que la communauté internationale apporte «de toute urgence» le soutien nécessaire à tous les pays en développement qui en ont besoin pour leur permettre l’accès à des liquidités supplémentaires pour faire face à la pandémie et investir dans la reprise.
En cas d’échec de la communauté a apporter son aide, Antonio Guterres a dit redouter de «sortir du Covid-19 avec un monde à deux vitesses », dont l'impact serait selon lui «dévastateur».