Merkel accepte un budget européen d’innovation à condition qu'il soit minuscule
- Avec AFP
A moins d'un mois du prochain conseil européen, Angela Merkel a répondu aux propositions de réformes de la zone euro portées par Emmanuel Macron. Les concessions sont symboliques mais l'Elysée y voit «un mouvement positif».
Angela Merkel s’est rapprochée des propositions d'Emmanuel Macron sur l'avenir de la zone euro, dans une interview accordée à l’édition dominicale du Frankfurter Allgemeine Zeitung. Depuis des mois, elle réservait ses réponses aux idées de réformes défendues à la fois par le président français et la Commission européenne.
A moins d'un mois d'un sommet européen sur le sujet, elle a finalement déclaré qu’elle acceptait le principe de deux mécanismes limités d'entraide entre pays de la zone euro : un budget d'investissement et un système nouveau de prêts pour les Etats en difficulté.
«Nous avons besoin d'une plus grande convergence économique entre Etats membres au sein de la zone euro», a-t-elle estimé, se disant favorable à «un budget d'investissement» pour la zone euro, qu’il soit spécifique ou inclus dans le budget plus large de l'Union européenne.
Elle a toutefois précisé que ce budget devrait être «limité à deux chiffres en milliards d'euros», soit quelques dizaines de milliards d'euros. Un montant symbolique par rapport à ce qu’envisageait le président français.
L’an dernier il avait, en effet, appelé de ses vœux un budget équivalant à «plusieurs points du PIB [produit intérieur brut] de la zone euro», soit plusieurs centaines de milliards d'euros.
Mais ses propositions avaient été mal reçues dans l’Europe du Nord, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, où l'opinion redoute toujours de devoir payer pour les pays présentant des déficits budgétaires importants. Quant à la création d’un ministre des Finances de la zone euro et d'un mécanisme de garantie des dépôts bancaires européens, deux mesures souhaitées par Emmanuel Macron, Angela Merkel ne les a même pas évoquées.
L’Elysée a vu dans ces propositions un tournant de la position allemande, jugeant qu’Angela Merkel «se rapproch[ait] des vues françaises» et estimé que c’était «un mouvement positif qui témoign[ait] de l'engagement européen de la chancelière et de son gouvernement».
Une ligne rouge : la mutualisation des dettes
Mais Angela Merkel a aussi fixé une ligne rouge pour la réforme de la zone euro : «La solidarité entre partenaires de la zone euro ne doit jamais conduire à une union de l'endettement.» Cette expression avait été utilisée récemment dans une lettre ouverte de 154 économistes allemands appelant justement à refuser toute mutualisation des risques de défaut bancaire.
La chancelière a détaillé sa proposition d'un Fonds monétaire européen (FME), qui viendrait en aide aux pays en difficultés, en échange toutefois d'une surveillance étroite.
Ce FME intergouvernemental reprendrait d'une part les prérogatives du Mécanisme européen de stabilité (MES), chargé aujourd'hui d'aider à financer la dette de pays en crise comme la Grèce, en leur accordant des prêts de très long terme. Mais il irait plus loin avec la possibilité d'une ligne de crédit à plus court terme, cinq ans par exemple pour les pays confrontés à des crises d'origine extérieure, selon la chancelière.
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