Une frappe américaine contre des cibles russes serait le «début d’une guerre mondiale», prévient Medvedev
L’ex-président russe Dmitri Medvedev a dénoncé ce 26 mai les propos du ministre polonais des Affaires étrangères, qui a déclaré que Washington frapperait des cibles russes si Moscou utilisait des armes nucléaires en Ukraine.
«Les Yankees n’ont jamais rien de tel, parce qu’ils sont plus prudents que les Pollacks», a déclaré Dmitri Medvedev ce 26 mai sur X. Le vice-président du Conseil de Sécurité russe réagissait après que le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a affirmé dans un entretien publié la veille par The Guardian que Washington avait menacé de riposter si la Russie venait à utiliser des armes nucléaires en Ukraine.
Sikorski a estimé que la Russie ne s’imposait peu ou pas de lignes rouges en Ukraine, se disant toutefois sceptique sur l’emploi d’armes nucléaires par Moscou. En raison, selon le ministre polonais, de menaces de Washington : «les Américains ont dit aux Russes que si vous faites exploser une bombe nucléaire, même si elle ne tue personne, nous atteindrons toutes vos cibles [positions] en Ukraine avec des armes conventionnelles, les détruisant toutes».
Selon Sikorski, l'UE ne devrait pas avoir peur d'aggraver la situation et ne devrait pas s'imposer de limites, de manière à laisser Moscou dans l’incertitude. Un concept «d’ambiguïté stratégique» aussi revendiqué par le président français Emmanuel Macron, qui n’a pas exclu la possibilité d’envoyer des troupes occidentales en Ukraine, en dépit des avertissements répétés de Moscou.
La Pologne joue-t-elle avec le feu ?
Toute attaque américaine contre des cibles russes en Ukraine déclencherait automatiquement une guerre mondiale, a prévenu l'ancien Dmitri Medvedev ce 26 mai, jugeant les propos de Sikorski irresponsables. «Un ministre des Affaires étrangères, même d’un pays comme la Pologne, devrait le comprendre», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : «Si la Pologne déploie des têtes nucléaires [américaines, ndlr.], comme Duda en a récemment exprimé le souhait, il ne resterait plus grand-chose de Varsovie. Est-ce vraiment ce que vous souhaitez ?».
Le mois dernier, le président polonais Andrzej Duda avait déclaré que son pays serait disposé à accueillir des armes nucléaires américaines si une telle opportunité lui était offerte dans le cadre du mécanisme de partage de l’OTAN.
Alors que les États-Unis et leurs alliés ont accusé à plusieurs reprises Moscou de brandir la menace nucléaire, le président Vladimir Poutine a souligné que la Russie n’avait jamais envisagé d’utiliser de telles armes depuis le début du conflit ukrainien. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a quant à lui rappelé que la doctrine nucléaire russe n’envisage l’utilisation d’armes de destruction massive qu’en cas de menace contre «l’existence de l’Etat».
Plus tôt ce mois-ci, le dirigeant russe a ordonné des exercices d'armes nucléaires tactiques, de puissance moindre que les armes nucléaires stratégiques. Des exercices organisés à la suite des déclarations jugées belliqueuses d’Emmanuel Macron et du ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, qui avait soutenu, début mai, la possibilité de frappes ukrainiennes sur le sol russe avec des armes fournies par Londres.