Le gouvernement a tenu à organiser le vote sur la loi de bioéthique avant les vacances d'été des députés. L’essayiste et membre de LR Lydia Guirous s'interroge sur ce calendrier, dans un pays en pleine crise économique et sociale.
La principale mesure du projet de loi de bioéthique suscitant l'émotion et parfois l'indignation de certains membres de l'opposition est l'article sur l'extension de la PMA. Et, plus précisément, sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Il s'agit là d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, s’inscrivant dans les pas de François Hollande avec le mariage pour tous qui lui avait permis de masquer son impuissance et son inaction pendant deux ans.
Les opposants au texte ont d'ailleurs vite sorti les armes. De nombreux amendements de suppression ont été défendus en vain sur cet article, objet à lui seul de plus de 550 amendements, sur les quelque 2 300 que les députés doivent examiner d'ici la fin de la semaine... Bref, une aberration en terme de charge de travail législatif pour un sujet qui à l'heure actuelle est tout sauf une priorité nationale.
Nul besoin de revenir sur les éternels débats, parfois portés avec trop d'outrance pour être audibles, même s'ils détiennent sans doute une part de vérité : marchandisation de la procréation, création «d'orphelins de pères», une ouverture de la PMA menant «inéluctablement» à la GPA... Autant de débats et de réflexions sans doute intéressants mais totalement saugrenus quand notre pays enregistrera des millions de chômeurs au dernier trimestre et des centaines d'entreprises déposeront le bilan... Ces réflexions de l'opposition sont d'ailleurs souvent contre-attaquées en recourant à un certain nombre de lieux communs dont la nation pourrait faire l'économie, tels que : «L'amour est la base du foyer»...
En outre, la boîte de Pandore n'est pas la PMA pour toutes mais le mariage pour tous, qui a fait sauter tous les verrous. Le PS et madame Taubira ont fait exploser les schémas traditionnels de la famille et LREM achève le travail.
Faut-il s'en réjouir ? Une chose est sûre, c'est que ce mouvement est inéluctable et la rupture d'égalité avec les couples homosexuels et la pression de leurs représentants associatifs et politiques, aboutiront à la GPA dans un avenir proche. C'est dommage mais hélas ce sera ainsi... Il ne restera plus alors qu'à encadrer cette GPA pour que les ventres des femmes ne deviennent pas des «fours» et qu’ils restent préservés de l'économie de marché. C’est un combat à mener pour les femmes car, rappelons-nous que certains, comme feu Pierre Bergé, ne voyait pas ce qu’il pouvait y avoir de choquant ou relever de la servitude dans la GPA. En décembre 2012, il avait en effet déclaré : «Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA ou l'adoption. Moi je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l'usine, quelle différence ?» Monsieur Bergé nous disait alors en somme que «tout s’achète, tout se vend». Cette déclaration illustrait parfaitement la désacralisation de la maternité et de l’intimité des femmes.
Considérer comme force de travail, sans distinction aucune, les bras et le ventre des femmes est indigne et méprisant pour les femmes. Travailler pendant plusieurs heures par jour n’est en rien semblable à porter la vie pendant neuf mois, sentir en soi un être vivre, bouger, grandir, s’inquiéter au moindre mouvement ou absence de mouvements, voir son corps se transformer, et vivre l’accouchement, qui n’est pas toujours sans risque pour la femme.
Restons vigilants donc, d'autant plus que la science rend aujourd’hui presque tout possible. La directrice du programme de préservation de la fertilité à la Kerck School de médecine de l’Université de Californie du Sud, le docteur Karine Chung, estimait dans un entretien à Yahoo.com, le 18 novembre 2015, qu’une transplantation d’utérus chez un homme serait possible et que la technique serait au point d’ici 2020-2025. Les hommes pourraient être capables, grâce à une telle transplantation d’utérus, d’être «enceints» et de procréer. La technique ne cesse donc de progresser et ouvre la voie à des évolutions effrayantes qui ne sont pas souhaitables et ne représentent en aucun cas un progrès.
«Science sans conscience n’est que ruine de l’âme» disait Rabelais… Face à la GPA, c’est l’éthique et la sagesse de l’Homme qui doivent prendre le dessus sur la technique. L’éthique est le moyen de dire ce que nous pensons acceptable ou pas pour l’avenir de l’humanité.
Lydia Guirous
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