Les principaux acteurs de la communauté internationale doivent adopter des positions plus raisonnées, au lieu de continuer à aider l'Arabie saoudite à commettre des crimes au Yémen, estime Sarah Leah Whitson, représentante de Human Rights Watch.
RT : Y a-t-il une chance pour que quelqu’un soit puni pour les victimes civiles au Yémen ?
Sarah Leah Whitson (S. L. W.) : Ce n’est que peu probable à court terme, mais cela l’est à long terme. Il existe beaucoup de formes de responsabilité qui exigent des périodes de temps différentes, mais nous sommes optimistes et espérons que la justice l’emportera.
On voudrait que le Conseil des droits de l’homme s’occupe de cette affaire et mène une enquête impartiale et indépendante
RT : Qui pourrait mener une enquête impartiale à propos de l’incident ?
S. L. W. : Je pense que notre enquête est déjà un bon début pour documenter les faits, recueillir les témoignages, définir où les frappes ont eu lieu, établir la liste des victimes, l'identité de ceux ont souffert des frappes. Nous souhaiterions que le Conseil des droits de l’homme s’occupe de cette affaire et mène une enquête impartiale et indépendante. Mais ce que nous savons ne suffira pas, la Coalition saoudienne organise ses propres investigations, qui n'ont pas été sérieuses jusque-là.
RT : Est-il facile de punir un pays comme l’Arabie saoudite, qui a même réussi à faire disparaître son nom de la liste de l’ONU des pays violant les droits de l’enfant ?
S. L. W. : Ce n’est certes pas facile, étant donné la volonté de l’ONU de lui accorder son soutien, on l’a vu avec cette liste noire. Nous espérons que le nouveau secrétaire général fera preuve de plus de fermeté, en identifiant de manière indépendante et impartiale, sans politisation, ceux qui commettent des crimes contre les enfants. Nous avons confiance en le nouveau secrétaire général, nous espérons qu’il laissera les faits décider qui doit ou ne doit pas faire partie de cette liste noire.
Ce genre de deux poids deux mesures et d'incohérences est répandu au sein de la communauté internationale
RT : Pourquoi le Royaume-Uni continue-t-il d’armer l’Arabie saoudite, tout en déclarant le nécessité de trouver une solution politique au conflit ?
S. L. W. : Malheureusement, beaucoup de pays vendent des armements aux pays qui en abusent. Bien sûr, les ventes d’armes par les Etats-Unis et le Royaume-Uni à l’Arabie saoudite doivent cesser. Nous avons appelé à introduire un embargo sur les armements à destination de l’Arabie saoudite, tant que sont constatées des violations des lois internationales. Mais nous constatons que la Russie soutient le gouvernement syrien, qui est aussi responsable d'un grand nombre de victimes civiles, et lui envoie des armes. Ce genre de deux poids deux mesures et d'incohérences est répandu au sein de la communauté internationale. Il nous faudrait des positions plus raisonnées. Les Pays-Bas ont par exemple suspendu les ventes d'armes à l’Arabie saoudite. Il nous faut plus d’acteurs raisonnés dans le monde.
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