La renonciation de Barack Obama aux restrictions imposées sur la fourniture d'armes aux groupes militants en Syrie ressemble à une tentative désespérée de sauvegarder les actifs terroristes, explique l'ancien diplomate américain Jim Jatras.
RT : La renonciation de Barack Obama aux restrictions actuelles sur l'assistance aux forces en Syrie pourrait-elle affecter la situation ?
Jim Jatras (J. J.) : Je ne vois pas comment cela peut améliorer les choses. Surtout étant donné qu'Alep est sur le point d'être recapturée par l'armée syrienne. On pourrait imaginer que l'administration de Barack Obama chercherait un moyen d'évacuer le problème, de parler aux Russes d'un front commun contre les groupes terroristes. A la place, le président Obama pourrait donc être en train de rendre les normes flexibles pour mettre des armes dans les mains des gens que nous ne prétendons même pas considérer comme «modérés», comme dans le cas de ce fiasco qu'ils ont subi il y a quelques mois avec «quatre ou cinq» combattants.
Maintenant, quand nous parlons de livraisons d'armes là-bas, c'est comme si c'étaient des biscuits de Noël pour des gens que nous savons être des terroristes. Mais nous allons prétendre qu'ils se tourneront contre Daesh, ignorant le fait que pratiquement tous ces groupes partagent la même idéologie salafiste, ont les mêmes objectifs, la même méthodologie terroriste. Donc, aucun d'entre eux n'a de problème avec le transfert de leurs armes à quelqu'un d'autre. Les gens auxquels nous donnons les armes sont probablement des terroristes et il n'y a pas de réelle distinction entre eux et Al-Qaïda ou Daesh.
Nous serions alors sous pression, voire menacés, par nos soi-disant alliés, comme l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie
RT : Pourquoi cette décision at-elle été prise ? Dans quel but ?
J. J. : Je pense que même les spécialistes sont un peu perplexes face à cela. Surtout, ayez en tête que le président Obama le fait publiquement. Ne donnions-nous pas d'armes à divers groupes terroristes en Syrie depuis des années ? Maintenant, il signe un ordre, au moins à première vue, élargit la portée des groupes auxquels ces armes seront fournies.
La seule chose que je peux supposer est qu'ils essaient de sauvegarder quelque chose, peut-être une zone contrôlée par les terroristes dans le nord de la Syrie le long de la frontière turque, quelque chose en Syrie orientale, quelque chose pour compenser la perte d'Alep. Nous serions alors sous pression, voire menacés, par nos soi-disant alliés, comme l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, qui ont soutenu ces dernières années ces groupes, y compris Daesh lui-même.
Washington et les gouvernements avec lesquels il travaille essaient de préserver les actifs terroristes partout où ils le peuvent
RT : Un projet de résolution demandant la cessation immédiate des hostilités en Syrie a été voté en masse à l'Assemblée générale des Nations unies. Cette résolution, va-t-elle s'appliquer également aux Etats-Unis et à la Turquie ? La suivront-ils ?
J. J. : Non, bien sûr que non. Rappelons-nous que le projet de résolution de l'Assemblée générale compensait le fait que la résolution parrainée par les Etats-Unis n'arrivait pas à passer par le Conseil de sécurité. Evidemment, Washington et les gouvernements avec lesquels l'administration de Barack Obama travaille, aimeraient qu'il y ait une sorte de cessez-le-feu. Ils espéraient sauver les terroristes à Alep - cela n'a pas fonctionné. Mais ils essaient évidemment de préserver les actifs terroristes partout où ils le peuvent.
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