Yémen : intensification des combats, l'Arabie saoudite lance une opération «à grande échelle»
- Avec AFP
Les hostilités s'intensifient au Yémen où l'Arabie saoudite lance une opération «à grande échelle» après une attaque de rebelles houthis faisant deux mort. La coalition dirigée par Ryad a immédiatement mené une frappe qui a fait trois morts au Yémen.
Les rebelles houthis du Yémen ont promis ce 25 décembre à l'Arabie saoudite des «opérations douloureuses», peu après une attaque la veille contre le royaume wahabite à la tête de la coalition militaire soutenant le gouvernement yéménite, qui a fait deux morts. «Nous promettons au régime saoudien des opérations douloureuses tant qu'il poursuivra son agression et ses crimes», a ainsi déclaré le porte-parole des Houthis Yahya Saree, selon un communiqué publié sur sa chaîne Telegram. Trois personnes ont également péri le même jour lors d'une frappe aérienne de la coalition dirigée par Ryad au Yémen, selon les autorités saoudiennes et des sources médicales yéménites citées par l'AFP.
L'Arabie saoudite a déclenché le 24 décembre une opération militaire «à grande échelle» au Yémen après que deux personnes ont été tuées et sept blessées dans cette première attaque mortelle attribuée aux rebelles houthis dans le royaume saoudien en plus de trois ans. La défense civile du royaume a annoncé que deux personnes – dont un Saoudien et un Yéménite – avaient été tuées lors d'une attaque dans la région saoudienne de Jazan, frontalière du Yémen. «Un projectile est tombé sur un bâtiment commercial, faisant deux morts, un Saoudien et un résident yéménite. Il a blessé sept civils, dont six Saoudiens et un résident bangladais», précise un communiqué officiel saoudien. C'est peu après cette attaque que la coalition a annoncé «se préparer à une opération militaire à grande échelle».
Ryad intervient au Yémen depuis 2015 à la tête d'une coalition pour appuyer les forces gouvernementales, en guerre depuis sept ans contre les rebelles houthis.
Intensification des combats
Si les rebelles yéménites lancent régulièrement des missiles et des drones en Arabie saoudite voisine, ciblant ses aéroports et des infrastructures pétrolières, il s'agit de la première attaque mortelle touchant le royaume depuis 2018. Selon des médecins yéménites, trois personnes ont ensuite péri et six autres ont été blessées lors de frappes aériennes menées par la coalition au nord-ouest de la capitale yéménite Sanaa, tenue par les rebelles. «Trois civils, dont un enfant et une femme, ont été tués et six autres blessés, dans la ville d'Ajama», ont rapporté des médecins à l'AFP.
Ces derniers temps, les combats se sont intensifiés, avec des frappes aériennes saoudiennes sur Sanaa, en raison desquelles l'aéroport de la capitale, sous blocus saoudien depuis 2016, ne peut plus accueillir depuis le 21 décembre les avions d'organisations humanitaires et de l'ONU. Ryad dit riposter à des attaques de drones fomentées depuis cet aéroport.
Le 23 décembre, la coalition, qui avait visé la veille un camp militaire des Houthis à Sanaa, a annoncé avoir détruit un drone piégé visant l'aéroport d'Abha, dans le sud de l'Arabie saoudite, sans faire de victime. Le même jour, la marine américaine a annoncé la saisie de 1 400 fusils d'assaut AK-47 et des munitions sur un bateau de pêche parti selon elle d'Iran et à destination des rebelles yéménites. Téhéran reconnaît son soutien politique aux rebelles mais dément leur fournir des armes.
Depuis la prise de Sanaa en 2014, les Houthis se sont emparés de la majeure partie du nord du Yémen, en dépit de l'intervention de la coalition militaire dirigée par les Saoudiens. Selon l'ONU, la guerre au Yémen a causé la mort de 377 000 personnes, dont plus de la moitié due aux conséquences indirectes du conflit, notamment le manque d'eau potable, la faim et les maladies. Le 22 décembre, l'ONU s'est dite «contrainte» de réduire l'aide alimentaire au Yémen faute de fonds nécessaires, au moment où la faim augmente dans ce pays ravagé par l'une des pires crises humanitaires au monde. Quelque 80% des plus de 30 millions d'habitants du Yémen dépendent de l'aide internationale.