Crise migratoire, la colère homérique d'Alexis Tsipras contre l'inertie européenne
Alexis Tsipras n'a pas mâché ses mots pour dénoncer l'incapacité européenne dans la crise migratoire qui touche son pays de plein fouet.
«Je tiens à exprimer mon chagrin sans fin ... les dizaines de morts et la tragédie humaine en jouant dans nos mers. Les vagues de la mer Egée n'emportent as seulement les réfugiés et les enfants morts, mais (aussi) la civilisation européenne». C'est par ces mots que le discours d'Alexis Tsipras a débuté.
L'Europe et les «larmes de crocodiles»
Les mots prononcés devant la Vouli, le parlement grec, disent l'état de lassitude et de colère du Premier ministre grec: «Je me sens honteux de l'incapacité de l'Europe à lutter efficacement contre ce drame humain, et du niveau du débat ... où tout le monde essaie de rejeter la responsabilité sur quelqu'un d'autre». Le Premier ministre a ainsi fustigé l'«ineptie» européenne dans le traitement de la crise migratoire.
22 refugees have drowned off the coast of Greece https://t.co/Wq3JyUZkF3pic.twitter.com/g9g4xSg7oJ
— Intl. Business Times (@IBTimes) 30 Octobre 2015
Tout en accusant l'Europe d' «incapacité à défendre ses valeurs (humanitaires)» et de fournir une alternative sûre aux voyages en mer dangereux, Alexis Tsipras a estimé que les pays occidentaux versent «des larmes de crocodile sur les enfants qui meurent en mer Egée, mais en font peu pour ceux qui ont réussi à la traverser: «Qu'en est-il des dizaines de milliers d'enfants qui sont sur les routes de migration?» il-t-il demandé.
Alexis Tsipras a aussi fait le lien entre les flux de migrants et les interventions militaires occidentales au Moyen-Orient, qui, selon lui, ont favorisé les intérêts géopolitiques plutôt que la démocratie: «Et maintenant ceux qui ont semé le vent récoltent une tempête qui affecte surtout les pays d'accueil».
La Grèce toujours aux premières lignes
La Grèce est le principal point d'entrée pour les personnes fuyant la guerre syrienne. 700 000 personnes sont arrivées en Europe depuis le début de l'année.
Ce 30 octobre, 22 personnes se sont noyées alors que des bateaux pleins de réfugiés cherchaient à atteindre les îles grecques en pleine mer agitée. Le ministère de la Marine a ainsi déclaré que 19 personnes avaient été tuées et 138 secourues près de l'île de Kalymnos située en mer Egée. C'est là l'un des pires accidents dans les eaux grecques depuis le début de la crise migratoire.
Au large de l'île voisine de Rhodes, ce sont au moins trois personnes sont mortes quand un autre bateau de migrants a coulé. Trois autres sont toujours données disparues. Sur l'îlot d'Agathonissi, un pêcheur a récupéré le corps d'un jeune garçon disparu depuis un autre accident.
22 refugees drown in latest boat tragedy off Greece: Greek PM Alexis Tsipras condemned EU member states for 'p... https://t.co/XDcZDgtcUs
— Malta News Links (@dlMaltanews) 30 Octobre 2015
Près de 600 personnes ont été secourues par la Garde côtes dans les dernières 24 heures, tandis que des milliers d'autres ont pu atteindre en toute sécurité les îles. Le nombre de morts décédées dans la mer Egée au cours des trois derniers jours a atteint près de 50. C'était principalement des enfants.
Le Gouvernement de gauche dirigé par Alexis Tsipras a lancé un appel pour obtenir plus d'aide de ses partenaires de l'UE. Il a fait valoir que les migrants devraient être enregistrés dans des camps en Turquie. Ils pourraient ensuite être directement transportés dans les pays d'accueil européens au titre du programme de réinstallation de l'UE, afin de leur épargner la périlleuse traversée de la mer.