Décès de 55 clandestins : Mexico demande à Washington de changer de politique migratoire
- Avec AFP
Le Mexique a demandé aux Etats-Unis de réviser leur politique migratoire, au lendemain de la mort de 55 migrants en situation irrégulière dans un accident de camion dans le sud du pays.
Après un accident qui a tué 55 clandestins, Mexico a demandé le 10 décembre à Washington de changer de politique migratoire.
Selon les autorités, le drame a également fait 105 blessés, dont trois graves. La plupart des victimes sont des ressortissants du Guatemala voisin (95 parmi les blessés), qui voyageaient cachés et entassés dans la remorque du camion, d'après la Garde nationale mexicaine.
Les victimes se rendaient vers Puebla plus au nord, et sans doute vers la frontière américaine, quand le camion s'est renversé le 9 décembre au soir sur l'autoroute près de Tuxtla Gutierrez, la capitale de l'Etat du Chiapas, frontalier du Guatemala.
«Chaque personne cherchant une vie meilleure mérite la sécurité et la dignité», a déclaré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, «horrifié». Le pape François s'est également déclaré «très peiné».
Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a demandé une «prise de conscience» et une prise en compte «des problèmes de fond», lors d'une conférence de presse. Les migrants centroaméricains et haïtiens traversent le Mexique vers les Etats-Unis en nombre record cette année.
Le chef de l'Etat affirme avoir défendu cette position lors d'une rencontre avec le président Joe Biden mi-novembre. «Ce n'est pas un dossier simple pour le président Biden», a-t-il ajouté.
«Nous allons continuer à dire avec insistance que le problème migratoire ne se résout pas avec des mesures coercitives, mais qu'il faut donner des opportunités de travail et de bien-être aux migrants», a ajouté le président mexicain.
A Mexico, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a estimé qu'il fallait «des alternatives migratoires et ouvrir des voies légales pour éviter des tragédies comme celles-ci».
L'accident a eu lieu le jour même où deux premiers migrants ont été renvoyés des Etats-Unis vers le Mexique en vertu d'un programme mis en place à l'époque de l'ex-président Donald Trump (2017-2021), suspendu par Joe Biden mais réactivé sur décision de la Cour suprême américaine.
Les migrants doivent attendre au Mexique la réponse à leur demande d'asile aux Etats-Unis, selon ce programme qui s'appelle «Quedate en Mexico» (Reste au Mexique).
Un nombre record de migrants
L'Institut national de migration (INM) a proposé des permis provisoires de résidence humanitaire pour les survivants de l'accident, soignés dans les hôpitaux de la région.
Les migrants étaient entrés depuis «plusieurs jours» par la frontière avec le Guatemala, a indiqué le commandant de la Garde nationale, Luis Rodriguez Bucio. Le camion appartenait à une entreprise mexicaine et son chauffeur s'est enfui, d'après Rodriguez Bucio.
Sur place, les habitants ont participé aux premiers secours.
Le président du Guatemala, Alejandro Giammattei, a promis «toute l'aide consulaire nécessaire, y compris des rapatriements», dans un message de condoléances sur Twitter.
Lamento profundamente la tragedia en el Estado de Chiapas y me solidarizo con las familias de las víctimas a quienes ofrecemos toda la asistencia consular necesaria incluyendo las repatriaciones.
— Alejandro Giammattei (@DrGiammattei) December 10, 2021
L'accident a eu lieu dans l'Etat du Chiapas, porte d'entrée des migrants en provenance d'Amérique centrale (Honduras et Salvador principalement) dans l'espoir de rejoindre les Etats-Unis.
Leur transport en camion est l'une des méthodes habituelles utilisées par les passeurs.
D'autres migrants préfèrent traverser le pays en «caravane» à pied, et en profitent pour revendiquer leurs droits.
Traditionnel couloir de passage, le Mexique est confronté cette année à des arrivées records de migrants, venus non seulement du Honduras et du Salvador, mais aussi de Haïti.
De janvier à octobre, le pays a enregistré 108 195 demandes d'asile. Un record, d'après les derniers chiffres officiels.
De leur côté, les Etats-Unis font preuve de fermeté à leur égard. Le voyage est «profondément dangereux et n'aura aucun succès», avait prévenu le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors d'un déplacement à Mexico début octobre.