Avion intercepté à Minsk : Washington prépare avec l'UE des sanctions contre la Biélorussie
Après l'interception par les autorités biélorusses d'un avion de ligne, la Maison Blanche a annoncé des mesures punitives contre Minsk. La Russie et la Biélorussie travaillent de leur côté à «l'organisation de la liaison aérienne» entre leurs pays.
Les Etats-Unis préparent avec l'Union européenne «une liste de sanctions ciblées à l'encontre de membres-clés du régime de Loukachenko associés aux violations actuelles des droits de l'Homme et à la corruption, la falsification des élections de 2020 et aux événements du 23 mai», a déclaré le 28 mai la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.
Ainsi que le rapporte l'AFP, le département du Trésor américain travaille de son côté à l'élaboration de sanctions contre «des éléments du régime de Loukachenko et son réseau de soutien» et Washington a recommandé aux citoyens américains d'éviter de se rendre en Biélorussie, les appelant à faire preuve de «précautions extrêmes» au cas où ils envisageraient de prendre un avion survolant le pays.
L'administration américaine a en outre confirmé l'entrée en vigueur, le 3 juin, de sanctions économiques contre neuf entreprises publiques de la Biélorussie, réimposées en avril au regard des mesures prises par Minsk face aux manifestations qui ont secoué plusieurs grandes villes du pays à partir de l'été 2020.
La porte-parole de la Maison Blanche a par ailleurs demandé «une enquête internationale crédible» sur le déroutage de l'avion de Ryanair qui devait relier Athènes à Vilnius.
Moscou et Minsk travaillent à l'organisation de la liaison aérienne entre les deux pays
De leur côté, les présidents russe et biélorusse, Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, ont mené ce 29 mai une deuxième journée de pourparlers. «Hier, c'était le jour officiel des pourparlers, et aujourd'hui, c'est la partie informelle», a indiqué aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Selon lui, les deux chefs d'Etat ont principalement discuté de la «coopération économique» et de la «lutte contre la pandémie» de Covid-19, mais ils ont aussi évoqué le déroutage d'un avion de ligne Ryanair et l'arrestation de l'opposant biélorusse Roman Protassevitch et de son amie russe Sofia Sapéga qui étaient à bord.
«[Alexandre] Loukachenko a fourni à son homologue des informations détaillées sur ce qui s'est passé à bord de l'avion de Ryanair», a expliqué Dmitri Peskov, ajoutant que Moscou n'était «pas indifférent au sort» de Sofia Sapéga, citoyenne russe.
Selon le Kremlin, Alexandre Loukachenko «n'a pas exprimé de demandes d'assistance économique supplémentaire» de la part de la Russie, qui est déjà le principal créditeur de la Biélorussie, mais les deux hommes ont convenu de travailler à «l'organisation de la liaison aérienne» entre leurs pays, compte tenu des restrictions imposées par l'UE.
Dmitri Peskov a encore répété que Moscou voulait une «enquête approfondie» sur les circonstances de l'interception du vol Ryanair, accusant les Occidentaux d'avoir tiré des «conclusions hâtives».
Pour rappel, Minsk a invité dès le 25 mai plusieurs organisations, dont l'Association internationale du transport aérien et l'Organisation de l'aviation civile internationale, afin d'établir les «circonstances» de cet atterrissage forcé. Deux jours plus tard, l'ONU annonçait l'ouverture d'«une enquête factuelle» visant à établir s'il y avait eu «violation du droit international de l'aviation» par la Biélorussie.
L'interception de l'avion de Ryanair par les autorités biélorusses a suscité de nombreuses réactions au sein des chancelleries occidentales, se traduisant notamment par des restrictions concernant le trafic aérien survolant le pays. En France, le ministre chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari a également demandé la mise en place d'une campagne d'affichage numérique à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, afin d'appeler à la libération du journaliste et opposant biélorusse Roman Protassevitch.