L'Autriche négocie l'achat d'un million de doses du vaccin russe Spoutnik V
Les services du chef du gouvernement autrichien Sebastian Kurz ont annoncé, ce 30 mars, que Vienne discutait avec la Russie de l'achat d'un million de doses du vaccin russe contre le Covid-19 Spoutnik V.
L'Autriche a annoncé ce 30 mars des discussions avec la Russie pour recevoir prochainement un million de doses du vaccin Spoutnik V contre le Covid-19, développé par l'institut de recherche russe Gamaleïa, rapportent notamment les agences Reuters et AFP. «Il ne doit pas y avoir d'œillères géopolitiques concernant les vaccins. La seule chose qui doit compter est de savoir si le vaccin est efficace et sûr», a fait valoir le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, cité dans un communiqué.
«L'objet des négociations entamées le 26 février est l'achat [de doses qui permettront] de vacciner 500 000 personnes à partir d'avril», a déclaré à l'AFP le cabinet du chancelier, ajoutant qu'une livraison de «300 000 doses en avril, de 500 000 doses en mai et de 200 000 doses début juin» avait été évoquée.
Une demande d'homologation du Spoutnik V est actuellement examinée par l'Agence européenne des médicaments (AEM). Mais, face à la lenteur de la vaccination au sein de l'Union européenne, Vienne a commencé à négocier directement la livraison de stocks alternatifs, en complément de ceux commandés par la Commission européenne, rapporte l'AFP. La Slovaquie et la République tchèque ont fait de même, selon la même source.
La Hongrie et la Slovaquie ont déjà acheté des doses de Spoutnik V, mais la Hongrie est le seul pays de l'UE à avoir déjà commencé à l'administrer.
Au niveau mondial, le vaccin Spoutnik V a été approuvé dans 58 pays, selon le Fonds d'investissement direct russe (RDIF), chargé de promouvoir le produit à l'étranger.
«Une coopération mutuellement bénéfique et respectueuse», souligne Moscou
Le 21 mars dernier, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton avait exprimé son peu d'enthousiasme pour le Spoutnik-V, déclarant que l'UE n'avait pas besoin de ce vaccin et pourrait atteindre une immunité collective d'ici le 14 juillet avec les vaccins disponibles, si leurs calendriers de livraison sont respectés. Cette déclaration avait suscité une réaction du président russe Vladimir Poutine, qui s'était publiquement demandé «quel intérêts défendent et représentent de telles personnes».
Il est effrayant d’imaginer ce qui doit se passer actuellement dans les entrailles de la bureaucratie européenne
Dans ce contexte, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a imaginé le désarroi qu'avait pu susciter à Bruxelles, l'annonce des négociations austro-russes sur l'achat d'un million de doses de Spoutnik V. «Il est effrayant d’imaginer ce qui doit se passer actuellement dans les entrailles de la bureaucratie européenne. Le mythe de l’agressivité de la Russie et la nécessité d’isoler celle-ci, construit pendant des années, est en train de s’effondrer. Une coopération mutuellement bénéfique et respectueuse est le credo de la politique russe en action», a-t-elle déclaré sur Facebook. Et d'ajouter : «Cessez d’écouter ce que disent les idéologues de Bruxelles : leur philosophie n'est plus d'actualité».
En France, le maire de Nice prône le déploiement du Spoutnik V
En France, le maire de Nice Christian Estrosi a de nouveau exprimé son souhait de voir le Spoutnik V utilisé, faisant notamment valoir ce 30 mars sur BFMTV et RMC que ce vaccin russe «sembl[ait] d'après toutes les études scientifiques avoir fait ses preuves». Il souhaite, en effet, s'appuyer sur «tout ce qui peut nous permettre de monter en puissance» contre le Covid-19.
Invité de Jean-Jacques Bourdin, l'édile Les Républicains a rappelé qu'il n'était pas possible d'administrer le Spoutnik V en France, dans la mesure où la Haute Autorité de santé n'a pas à ce jour donné son feu vert. Pour autant, Christian Estrosi a affirmé qu'il pouvait passer des commandes du vaccin russe. Et, alors que le journaliste de BFMTV et RMC lui demandait s'il avait passé des «précommandes» de Spoutnik V, de répondre : «On peut le considérer comme tel.»
Néanmoins, le cabinet du maire de Nice a précisé auprès de Capital : «[Il est pour le moment] seulement question d’un accord avec le vaccin Spoutnik, mais que rien n’est conclu, puisqu’il n’a pas encore le feu vert des autorités sanitaires».