Italie : le Covid-19 bientôt pris en compte pour la protection humanitaire des migrants ?
Le tribunal de Milan a décidé dans une série d'ordonnances de prendre en compte le facteur pandémique actuel dans ses décisions concernant l'accueil des migrants, et leur droit à la protection humanitaire.
Dans une série d'ordonnances déposées à la mi-décembre le tribunal de Milan a décidé que la situation pandémique liée au Covid-19 peut être un facteur pris en compte pour accorder une «protection humanitaire» aux migrants qui n'ont pas de droit à l'asile politique en Italie.
Le tribunal statuera au cas par cas la situation pandémique du pays d'origine après l'analyse de plus d'une centaine d'indicateurs sociaux et sanitaires précise le quotidien italien Corriere della Serra. Il n'y aura donc pas d'acceptation automatique en raison de l'épidémie. Ces critères seront définis par sur la base d'un document nommé Inform Epidemic Global Risk Index, délivré par la Commission européenne et qui permet d'évaluer les risques pandémiques dans un pays.
Le tribunal de Milan a par ailleurs estimé que le renvoi de migrants en situation de précarité dans un pays dont la situation est fragilisée par la pandémie de Covid-19 remettrait en cause les principes des droits de l'Homme.
Le Covid-19 : un facteur parmi d'autres
Ces ordonnances font suite à des procédures d'appel lancées en 2018 étudiées maintenant par la justice italienne avec ce nouveau critère lié à l'apparition de l'épidémie de Covid-19. Le quotidien italien rapporte plusieurs cas dont celui d'un Bangladais poursuivi par ses créanciers dans son pays d'origine, qui envoie 50 euros par mois à sa compagne et ses enfants dont le domicile a été détruit par une inondation. Par ailleurs, le tribunal a également statué sur le cas d'un jeune Gambien orphelin terrifié par son oncle et celui d'un Guinéen rescapé d'un naufrage ayant fait 30 morts qui a obtenu un diplôme, et a commencé à travailler en Italie.
Dans l'étude de ces différents récits de vie, les ordonnances ont précisé que chaque cas n'aurait pas nécessairement accès au droit d'asile mais que l'évaluation du facteur pandémique devait maintenant être prise en compte dans la décision juridique.
En aout 2020, la ministre de l'Intérieur italienne Luciana Lumorgese avait fait savoir que l'arrivée de migrants en Italie a augmenté de près de 150% au cours des 12 derniers mois. L'Italie a connu des difficultés pour faire face à l'arrivée de centaines de migrants sur ses rives méridionales, une tâche compliquée par les mesures de sécurité dues à la crise sanitaire du coronavirus.