La France s'opposera à un retrait américain d'Irak et d'Afghanistan, annonce Jean-Yves Le Drian
- Avec AFP
Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le gouvernement français dira au secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo en visite prochainement à Paris qu'un retrait des troupes américaines d'Afghanistan ou d'Irak serait une mauvaise idée.
Interrogé sur RMC et BFM TV ce 13 novembre à propos d'une éventuelle accélération du retrait des troupes américaines d'Afghanistan, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a répondu à Jean-Jacques Bourdin que c'était «ce qu'il ne faudrait pas faire».
«Ce qu'il ne faudrait pas faire non plus en Irak», a-t-il poursuivi, affirmant qu'«on se le dira» avec Mike Pompeo, lors de la visite du secrétaire d'Etat américain à Paris du 14 au 16 novembre.
«Il y a plein de sujets difficiles à évoquer ensemble, il y a la situation en Irak, la situation en Iran, le terrorisme, les difficultés au Moyen-Orient, la question de la relation avec la Chine», a également déclaré Jean-Yves Le Drian.
Emmanuel Macron recevra dans la matinée du 16 novembre Mike Pompeo, en tournée en Europe et au Moyen-Orient. Une rencontre réalisée à la demande du secrétaire d'Etat et «en toute transparence avec l'équipe du président élu Joe Biden», a précisé l'Elysée ce même jour.
Alors que les grands médias américains ont annoncé la victoire de Joe Biden, le président américain Donald Trump continue de se proclamer vainqueur– un optimisme partagé par Mike Pompeo, pour qui la transition se fera «en douceur avec une seconde administration Trump». Néanmoins, ce 13 novembre, plusieurs autorités électorales locales et nationales dont l'agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) ont déclaré, dans un communiqué commun, qu'il n'existait à ce jour «aucune preuve d'un système de vote ayant effacé, perdu ou changé des bulletins, ou ayant été piraté».
La France réticente à un reflux militaire américain
Des informations sur un éventuel retrait américain d'Irak ont circulé récemment. Début octobre, plusieurs sources politiques et diplomatiques ont fait savoir à l'AFP que Mike Pompeo avait posé un ultimatum à l'Irak : soit les attaques des groupes pro-Iran contre les intérêts américains en Irak cessent, soit Washington ferme son ambassade et rappelle ses 3 000 soldats et ses diplomates.
Au cours des dernières années, la France avait déjà exprimé ses réticences concernant le retrait des troupes américaines de par le monde, une tendance soutenue par l'administration Trump. En décembre 2018, Emmanuel Macron avait affirmé regretter «très profondément» le retrait américain de Syrie. Une position soutenue par Berlin et qu'avait confirmée Jean-Yves Le Drian deux mois plus tard, qualifiant la politique américaine dans ce pays de «mystère». En janvier 2020 enfin, le président français avait laissé entendre qu'il souhaitait convaincre Washington de maintenir ses forces en Afrique et en particulier au Sahel, où la France est très impliquée dans la lutte contre le djihadisme avec l'opération Barkhane.