La Russie souhaite remplacer l'ISS et empêcher la privatisation de la Lune
La Russie estime nécessaire de commencer immédiatement les travaux de conception d'une nouvelle station spatiale afin de remplacer l'ISS vieillissante. Elle envisage également la construction d'un nouveau vaisseau spatial habité.
Selon Dmitry Rogozine, le directeur général de l'agence spatiale russe Roscosmos, la Russie prévoit de créer une nouvelle station spatiale orbitale ainsi qu'un vaisseau spatial habité et muni d'ailes.
Lors d'une interview à la radio Komsomolskaïa Pravda, il a expliqué que la Station spatiale internationale (ISS) devrait fonctionner encore pendant 7 à 10 ans et que, en tant que leader mondial de l'industrie spatiale, la Russie devait être à l'avant-garde de tout ce qui va suivre.
La Russie, en tant que pays qui a toujours été leader dans la création de stations orbitales, devrait commencer immédiatement les travaux de conception d'une nouvelle station orbitale
Selon le directeur, il n'a pas encore été décidé si la station serait nationale ou internationale, mais il estime que l'aspect technique de ce projet devrait être étudié dès maintenant. «La Russie, en tant que pays qui a toujours été leader dans la création de stations orbitales, devrait commencer immédiatement les travaux de conception d'une nouvelle station orbitale,» a ainsi déclaré Rogozine. Il a également annoncé que Roscosmos «envisageait la possibilité de concevoir un vaisseau spatial habité et muni d'ailes pour des vols vers des stations orbitales».
Le directeur de Roscosmos a noté que la nouvelle navette spatiale russe serait le successeur du «Bourane», vaisseau spatial soviétique qui n'a effectué qu'une seule mission, en 1988. Le programme Bourane avait été initialement lancé par l'URSS en réponse à celui de la navette spatiale américaine.
En tout cas, nous ne permettrons à personne de privatiser la Lune
Par ailleurs, le directeur de Roscosmos a annoncé en décembre 2019 l'existence d'un projet de création de module d'atterrissage universel sur la lune. Dans son interview, le 25 mai, Rogozine a expliqué à ce sujet que la Russie «ne permettrait à personne de privatiser la Lune». Selon le directeur de Roscosmos, la Russie prévoit d'envoyer une mission sur la Lune avant 2030, un vol habité vers le satellite de la Terre étant prévu pour 2029. Il a également noté que l'atterrissage sur la Lune permettrait d'élaborer des technologies d'atterrissage sur d'autres corps célestes et, principalement, sur les astéroïdes.
En excluant toute privatisation de la Lune il fait référence aux accords Artémis élaborés par l'administration du président américain qui concernent l'extraction et l'utilisation des ressources de la Lune. Le programme prévoit le cadre juridique concernant les sociétés qui à l’avenir mèneront des opérations d’extraction sur le satellite de la Terre. Le 6 avril, Donald Trump a ainsi signé un décret autorisant l’exploitation commerciale des ressources situées dans l’espace.
Le projet de vaisseau spatial privé russe
La société russe «Systèmes réutilisables de transport spatial», en partenariat avec Roscosmos, a commencé la fabrication d'un prototype du vaisseau spatial «Argo», a par ailleurs rapporté RIA Novosti. Le rôle principal du nouveau véhicule spatial russe sera d'alimenter l'ISS. Sergueï Popov, le directeur de la société, a annoncé le 27 mai que le contrat portant sur la fabrication du fuselage composite en Allemagne – où l'ensemble des technologies permettant d’accélérer le processus de création d'Argo seront fabriquées – avait été signé. Plus tard, la production en série de fuselages et de composants sera effectuée en Russie.
Argo sera composé d'un vaisseau spatial réutilisable – capable de livrer jusqu'à deux tonnes de cargaison à l'ISS et de rapporter jusqu'à une tonne de fret – et d'un compartiment de propulsion à usage unique. Les caractéristiques techniques seront proches de celles du véhicule spatial Dragon développé par la société d'Elon Musk, avait annoncé fin 2019 l'agence d'information russe RBC. Le vaisseau sera conçu pour être réutilisable afin de réduire considérablement les charges et le coût de la livraison des cargaisons.
Le premier test de lancement d'Argo est prévu pour 2024.