Traité «ciel ouvert» : dix pays européens «regrettent» le retrait de Washington
Paris, Berlin ou encore Madrid ont fait part de leur déception après l'annonce du retrait des Etats-Unis du Traité «ciel ouvert». Les Européens précisent néanmoins partager les «préoccupations» de Washington qui accuse Moscou de ne pas le respecter.
«Nous regrettons l’annonce du gouvernement des Etats-Unis de son intention de se retirer du Traité ciel ouvert, bien que nous partagions ses préoccupations relatives à la mise en œuvre des dispositions du traité par la Fédération de Russie» : dans un communiqué commun publié le 22 mai, dix pays membres de l'Union européenne – dont la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas – n'ont pas fait mystère de leur déception suite à l'annonce du retrait américain de ce traité décidée la veille par Donald Trump.
Pour ces dix pays, le Traité «ciel ouvert» constitue en effet «un élément crucial du cadre de renforcement de la confiance qui a été créé au cours des décennies passées en vue d’accroître la transparence et la sécurité à travers la zone euro-atlantique».
#OpenSkiesTreaty COMMUNIQUE 🇫🇷🇩🇪🇧🇪🇪🇸🇫🇮🇮🇹🇱🇺🇳🇱🇨🇿🇸🇪
— Aff. stratégiques-sécurité-désarmement@francediplo (@francediplo_ASD) May 22, 2020
Nous regrettons l’annonce du gouvernement des Etats-Unis de son intention de se retirer du Traité ciel ouvert, bien que nous partageons ses préoccupations relatives à la mise en œuvre du traité par la Russiehttps://t.co/CcVo6O6Yjd
A tel point donc que les Européens ont préféré s'aligner sur la position de la Russie qui a estimé que le retrait américain signifiait «non seulement un coup porté aux fondements de la sécurité européenne mais aussi aux instruments de la sécurité militaire existants et aux intérêts essentiels de sécurité des alliés mêmes des Etats-Unis», plutôt que sur celle de leur allié américain. Une situation ubuesque que les dix signataires de ce communiqué ont tenté de contrebalancer en assurant partager les «préoccupations» des Etats-Unis vis-à-vis de Moscou.
Ils ont ainsi fait vœu de «régler les questions en suspens», appelant notamment la Russie à lever «les restrictions indues imposées sur les vols au-dessus de Kaliningrad». Un moyen de montrer son soutien à Washington, puisqu'un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, avait notamment cité l'interdiction aux avions alliés de s'approcher de moins de 500 km du territoire russe de Kaliningrad (située entre la Lituanie et la Pologne), comme étant une violation du traité.
Côté russe, le directeur du département de la non-prolifération et de la maîtrise des armements, Vladimir Ermakov, a jugé les accusations américaines «absolument infondé[es]». Cité par l'agence de presse Tass, le haut responsable souligne que ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis présentent la Russie comme fautive de d'une violation afin de justifier leur retrait d'un accord sur la limitation des armements, rappelant l'épisode du FNI.
Entré en vigueur en 2002, le Traité «ciel ouvert» permet aux 34 pays signataires des accords de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe de se survoler les uns les autres, afin de vérifier les mouvements militaires et le respect des mesures de limitation des armements de chacun.