Bande de Gaza : intenses frappes israéliennes sur Rafah, les pourparlers de trêve se poursuivent
- Avec AFP
La ville de Rafah, où se sont réfugiés plus d'un million de Palestiniens menacés par la guerre à Gaza, est le théâtre ce 3 février d'intenses frappes israéliennes à l'heure où la diplomatie tente d'imposer une nouvelle trêve sur fond d'embrasement régional.
Peu après minuit, dans la nuit du 2 au 3 février, une journaliste de l'AFP a entendu de puissantes frappes dans cette ville jouxtant l'Égypte, à la pointe sud de la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé le décès d'au moins 100 civils dans la soirée et la nuit, dont 14 tôt ce 3 février dans des frappes sur deux résidences de Rafah.
Au cours des dernières semaines, les opérations israéliennes se sont concentrées dans la ville voisine de Khan Younès, la deuxième en importance du territoire où se cache, selon l'armée israélienne, le commandement local du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Sous la pluie, des milliers d'habitants ont continué de fuir les combats et les bombardements israéliens en voiture, à pied, à vélo ou sur des charrettes tirées par des ânes.
Les déplacés tentent de se protéger à Rafah, où se massent désormais plus de 1,3 million des quelque 2,4 millions habitants du micro-territoire menacés en plein hiver par la famine et les épidémies, selon l'ONU.
Alors que la guerre ne connaît aucun répit, la diplomatie tente de négocier une seconde trêve, plus longue que celle d'une semaine, négociée sous l'égide du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis et qui avait permis fin novembre la libération d'une centaine d'otages israéliens en échange de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Côté palestinien, le bilan dépasse les 27 000 morts
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est d'ailleurs encore attendu en Égypte pour discuter d'une proposition élaborée lors d'une réunion fin janvier à Paris entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.
Selon une source du Hamas, la proposition porte sur trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d'aide pourront entrer chaque jour dans le territoire.
Ces derniers jours, le Qatar a fait état de «premiers» signes d'appui à la trêve de la part du Hamas, mais le mouvement islamiste palestinien a ensuite affirmé n'avoir pas encore pris de décision sur cette proposition, souhaitant un cessez-le-feu et non une nouvelle pause.
La proposition de pause dans les combats a été «approuvée par la partie israélienne», a déclaré cette semaine le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed al-Ansari.
Mais Israël continue d'affirmer qu'il ne mettra fin définitivement à son offensive à Gaza qu'une fois le Hamas «éliminé», les otages libérés et après avoir reçu des garanties sur la sécurité future de son territoire.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas venant de la bande de Gaza voisine sur le sol israélien, qui a tué plus de 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
En riposte à l'attaque, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et a lancé une offensive militaire qui a fait 27 131 morts, en grande majorité des civils, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Le projet de trêve doit d'ailleurs être au cœur d'une nouvelle tournée au Proche-Orient du Secrétaire d'État américain Antony Blinken, à partir du 4 février, et qui le conduira au Qatar, en Égypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite. Dans la nuit, Antony Blinken a dit vouloir travailler au cours de cette tournée «à une paix durable dans la région, y compris une sécurité durable pour les Israéliens comme pour les Palestiniens».
Un climat régional tendu
Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, entame ce 3 février sa première tournée dans la région qui le mènera en Égypte, en Jordanie, en Israël, dans les territoires palestiniens et au Liban. Cette tournée vise à «œuvrer à un cessez-le-feu et à la libération des otages» et «convaincre de rouvrir une perspective politique» basée sur la solution à deux États, un État de Palestine viable aux côtés d'Israël, a précisé le porte-parole du ministère, Christophe Lemoine.
Les deux responsables atterriront dans un Moyen-Orient aux abois avec l'extension de la guerre à Gaza en un conflit plus large entre d'un côté Israël et ses alliés et de l'autre «l'axe de la résistance» mené par l'Iran et des mouvements affiliés comme, outre le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, des milices irakiennes et les rebelles Houthis au Yémen.
Les États-Unis ont mené dans la nuit des frappes contre des forces d'élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie, en représailles à une attaque le 28 janvier en Jordanie fatale à trois militaires américains et attribuée par Washington à des groupes soutenus par l'Iran. Un total de 85 cibles sur sept sites différents (trois en Irak et quatre en Syrie) ont été visées selon Washington.
Du Yémen, les rebelles Houthis ont revendiqué des tirs de missiles balistiques vers le sud d'Israël. L'armée israélienne a assuré de son côté avoir intercepté un missile qui s'approchait de son territoire en mer Rouge.