Lavrov : la multipolarité exige de résoudre les crises sans «appliquer des recettes de l’extérieur»
Le ministre russe des Affaires étrangères a participé aux Conférences Primakov, réunissant des experts de l'économie mondiale et des relations internationales, des diplomates et des responsables politiques, à Moscou ce 27 novembre. Sergueï Lavrov a exposé les politiques menées par Moscou pour accélérer l'essor d'un ordre mondial multipolaire.
La multipolarité ? «C’est un monde qui est plus grand que le seul Occident», a résumé ce 27 novembre Sergueï Lavrov aux Conférences Primakov, qui se déroulent à Moscou.
Devant un panel d’experts et de diplomates, le ministre russe des Affaires étrangères a plaidé pour l’émergence d'un système multipolaire, en rupture avec le monde «néocolonial», sous domination occidentale. Un système qui doit être selon Sergueï Lavrov fondé sur la Charte des Nations unies, qui pose le principe d'une «égalité souveraine entre les Etats», et sur un consensus renouvelé.
«Aux problèmes régionaux des solutions régionales», a-t-il plaidé, jugeant primordial de «ne pas appliquer [aux crises] des recettes de l’extérieur».
«Aux problèmes régionaux des solutions régionales»
Citant l’exemple du conflit israélo-palestinien, le ministre russe a salué que le conflit israélo-palestinien avait été un «catalyseur» pour l’intervention locale de puissances arabo-musulmanes, ayant ainsi fait preuve de «solidarité». A cet égard, Moscou entend «soutenir les démarches menées par les pays concernés, qui connaissent mieux les choses que les pays de l’autre côté de l’océan», a-t-il ajouté.
Le monde multipolaire impliquera de fait un rééquilibrage, reflétant l’essor de nouvelles puissances. Un rééquilibrage sans doute d’abord éthique, exigeant «un respect mutuel» et le besoin de «n’obliger personne», «sans dire "qui n’est pas avec nous est contre nous"», a déclaré Sergueï Lavrov, fustigeant à demi-mots le chantage des puissances occidentales, essayant de contraindre les Etats à se joindre dans une lutte contre la Russie ou la Chine.
Evoquant le sommet en ligne du G20 auquel Vladimir Poutine a participé le 20 novembre, Sergueï Lavrov a évoqué le renforcement du poids des BRICS au sein de cette organisation, et affirmé refuser que cette institution subisse le poids excessif «des Etats-Unis et de leurs alliés». Il a de surcroît souligné l’importance grandissante de l’Organisation de Shanghai, saluant sa «contribution à l’évolution mondiale».
«L'action destructrice de la minorité occidentale renforce la multipolarité»
«L’Occident veut conserver sa domination», a constaté Sergueï Lavrov. Une ambition qui ne laisserait plus personne dupe à travers le monde et qui surtout, en définitive, se retournerait contre ses propres instigateurs. «L’action destructrice de la minorité occidentale renforce la multipolarité. Tout le monde comprend que les choses ne dépendent pas de Washington et de Bruxelles», estime-t-il.
Réitérant en conclusion son soutien à un système fondé sur l'usage renouvelé de la Charte des Nations unies, qui serait en mesure de «servir de base» à l’ordre multipolaire, Sergueï Lavrov a prévenu qu’il convenait de ne pas l’utiliser «à la carte, comme les Occidentaux». Aussi a-t-il ajouté vouloir l’adapter «aux réalités» du nouveau siècle, évoquant notamment un élargissement du Conseil de sécurité.
«Il faut que la voix de tous les pays soit prise en compte», a-t-il conclu, contrairement à une organisation comme l’OTAN, un «groupe marginal» menant une «politique d’intérêt égoïste».