«Illégal» et «illégitime» : Moscou dénonce le transfert à l’Ukraine de fonds russes gelés
Le porte-parole du Kremlin a dénoncé la décision de Washington de transférer à l’Ukraine les fonds gelés d’un homme d’affaires russe. Décision qui, selon Moscou, va à l’encontre du droit de propriété et devrait saper la confiance des investisseurs.
«Il s’agit d’une confiscation d’avoirs totalement illégale et illégitime». Devant la presse, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a condamné ce 11 mai le transfert à l’Ukraine de fonds gelés appartenant à l’homme d’affaires russe Konstantin Malofeïev.
La veille, le procureur général américain, Merrick Garland, avait annoncé avoir finalisé le premier transfert vers l’Ukraine de fonds russes confisqués. «Bien que cela représente le premier transfert par les États-Unis de fonds russes confisqués pour la reconstruction de l'Ukraine, ce ne sera pas le dernier», avait averti Merrick Garland dans un communiqué.
Considéré proche du pouvoir russe par ses accusateurs, Konstantin Malofeïev avait vu ses fonds aux Etats-Unis saisis après son inculpation en avril 2022 pour contournement des sanctions américaines. «Après avoir été sanctionné par les États-Unis, Malofeïev a tenté d'échapper aux sanctions en utilisant des complices pour acquérir et diriger en cachette des médias à travers l'Europe», avait déclaré Merrick Garland lors d’une conférence de presse.
Ce haut responsable de l’administration Biden avait donné son feu vert à de tels transferts, début février, au lendemain d’une rencontre avec son homologue ukrainien.
Confiscation d'avoirs, une sanction «boomerang» selon Peskov
Dmitri Peskov a pour sa part estimé que de «telles démarches ne devraient pas être laissées sans réponses», soulevant le spectre d'une riposte de la part de Moscou. «Dans des circonstances habituelles, cela aurait pu et aurait dû faire l’objet d’un procès qui aurait eu absolument toutes les chances d’être gagné. Mais, malheureusement, cette perspective n’existe plus aux États-Unis, parce que nous ne sommes pas en mesure de revendiquer nos droits auprès des tribunaux», a déclaré le porte-parole du Kremlin.
Par ailleurs, celui-ci estime que cette mesure de l’administration américaine s’apparente à un «boomerang» qui se retournera contre elle. Au-delà des «dommages directs» que ces confiscations autoritaires représentent pour les principaux concernés, Dmitri Peskov estime qu’un tel accroc au droit de propriété portera préjudice à la réputation d’économie libérale des Etats-Unis.
«Elle sape la confiance des investisseurs et des propriétaires des avoirs associés aux États-Unis. Tout cela ne peut rester sans conséquences pour les États-Unis», a-t-il développé devant les journalistes.