En pleine polémique, le PDG de Facebook France dément la nocivité d'Instagram pour les adolescents
Le 18 octobre, le PDG de Facebook France a affirmé que l'application Instagram (propriété du groupe Facebook) «améliore la vie sociale» des adolescentes. Un constat contraire aux conclusions de plusieurs études menées par son groupe et organismes.
Invité sur France Info le 18 octobre, Laurent Solly, vice-président de Facebook en charge de l’Europe du Sud, a réagi au témoignage de Frances Haugen, qui a dénoncé l'indifférence du groupe Facebook quant à l'influence supposée toxique que peut avoir les réseaux sociaux du groupe sur les adolescentes. «Ces accusations sont fausses», a-t-il affirmé.
Présentée comme une lanceuse d'alerte, cette ancienne employée du groupe avait affirmé devant le Sénat américain le 5 octobre que les chercheurs de Facebook étaient conscients des dégâts occasionnés par les réseaux sociaux, et notamment Instagram (propriété de Facebook) sur la santé mentale des adolescentes, mais que leur étude n'avait pas été rendue publique ni prise en compte. La polémique déclenchée par le témoignage de Frances Haugen a poussé Facebook à suspendre son projet d'Instagram pour les moins de 13 ans.
Pour Laurent Solly, l'étude a été mal interprétée. Le dirigeant tient à préciser que «11 des 12 critères» analysés dans l'étude montrent «un impact positif» d'Instagram sur les jeunes filles. Assurant qu'Instagram «améliore la vie sociale» des adolescents, le patron de Facebook France a proposé de publier l'étude qui le prouve, oubliant au passage que les recherches en question ont déjà été rendues publique et démontrent le contraire.
Le 14 septembre 2021, le Wall Street Journal (WSJ) a révélé qu'une étude interne avait informé la direction de Facebook en mars 2020 qu’Instagram, le réseau social de prédilection des adolescents, propriété de Facebook, était nocif pour l’image corporelle et le bien-être des adolescentes. Toujours selon le WSJ, Facebook aurait préféré taire ces résultats et faire comme si de rien n’était.
Des problèmes spécifiques à Instagram, n'affectant pas les autres réseaux sociaux
Il faut dire que les fonctionnalités identifiées par Facebook comme les plus dangereuses pour les adolescentes – le système de likes entres autres – sont au cœur de la plateforme. L’accent mis sur l’image du corps conduirait les utilisateurs d'Instagram à se focaliser sur la façon dont ils seront perçus et à s’inquiéter démesurément du regard des autres.
D'autres études académiques montrent invariablement que plus les adolescentes vont sur Instagram, plus leur bien-être général, leur confiance en soi, leur satisfaction à l’égard de la vie, leur humeur et l’image qu’elles ont de leur corps se dégradent.
Selon le WSJ, les résultats des recherches ont été communiqués aux principaux dirigeants de Facebook dont Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook.