La réconciliation entre Paris et Washington «prendra du temps», selon Le Drian et Blinken
- Avec AFP
A l'issu d'une rencontre à New York, les chefs des diplomaties française et américaine ont convenu que la page de l'affaire des sous-marins serait difficile à tourner. Jean-Yves Le Drian a ajouté que la sortie de crise «requerrait des actes».
Le 23 septembre, lors d'un entretien bilatéral en tête-à-tête à New York, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a déclaré à son homologue américain Antony Blinken que la sortie de crise entre la France et les Etats-Unis prendrait «du temps» et demanderait «des actes» – un constat que l'Américain a approuvé.
Comme l'explique un communiqué du Quai d'Orsay, Jean-Yves Le Drian «a rappelé qu’une première étape avait été franchie lors de l’appel des deux Présidents [Joe Biden et Emmanuel Macron] mais a constaté que la sortie de crise entre [les] deux pays prendrait du temps et requerrait des actes». Jean-Yves Le Drian est «convenu de maintenir un contact étroit avec Antony Blinken» afin de «restaurer la confiance», conclut le communiqué français, sans plus de précisions.
Nous reconnaissons que cela prendra du temps et beaucoup de travail
Dans la foulée, Antony Blinken s'est exprimé en ces termes lors d'une conférence de presse en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU : «Nous reconnaissons que cela prendra du temps et beaucoup de travail, et se traduira non seulement par des déclarations, mais aussi des actes». Evoquant la «coopération et la coordination», que les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron se sont engagés à approfondir lors de leur entretien téléphonique du 22 septembre, Antony Blinken a estimé que les deux pays pouvaient «faire davantage» et «faire mieux». Il a longuement souligné l'importance de la France – notamment dans la région indo-pacifique où Washington a annoncé mi-septembre une alliance avec l'Australie et le Royaume-Uni qui a été à l'origine de la crise – et a affirmé que Jean-Yves Le Drian et lui étaient «amis depuis longtemps» et qu'il avait «une grande, grande estime pour lui».
Une rencontre d'une heure dans la plus grande discrétion
La rencontre, qui a eu lieu dans les locaux de la mission diplomatique française auprès de l'ONU situés au 44e étage d'un immeuble new-yorkais, a duré environ une heure. Elle s'est tenue dans la plus grande discrétion, à l'abri des micros et des caméras et la mission a refusé tout commentaire pour savoir si un tête-à-tête avait eu lieu entre les deux hommes. En privé, Jean-Yves Le Drian s'était montré ces derniers mois souvent élogieux à l'égard de son homologue américain, un francophone ayant vécu adolescent en France.
Depuis le début de la semaine, le ministre français, après des mots sévères à l'égard des Etats-Unis dans la crise des sous-marins australiens, avait jusqu'alors refusé tout entretien bilatéral avec Antony Blinken en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à laquelle les deux responsables participent cette semaine à New York.
Joe Biden et Emmanuel Macron ont convenu la veille de l'entretien entre les chefs de leur diplomatie que «des consultations ouvertes entre alliés [auraient] permis d'éviter cette situation». Ils ont également annoncé «un processus de consultations approfondies visant à mettre en place les conditions garantissant la confiance».
Le président américain a dans la foulée émis l'espoir d'un «retour à la normale», mais Paris a visiblement une autre approche de la crise.