Marseille : une mosquée salafiste refuse de se plier depuis cinq ans à un arrêté de fermeture
Ciblé par les renseignements, le lieu de prière situé dans la cité Consolat de Marseille a rejeté plusieurs injonctions de fermeture immédiate émises au nom du Code de l'urbanisme. La bataille administrative dure depuis cinq ans, explique le JDD.
Une mosquée salafiste de la cité Consolat, à Marseille, est engagée depuis cinq ans dans un bras-de-fer administratif avec les autorités qui ont pris un arrêté de fermeture au nom du Code l'urbanisme contre ce lieu de culte suivi par les renseignements territoriaux dans la lutte contre le fondamentalisme islamiste, comme le rapporte le JDD.
La demande de fermeture est intervenue à la suite de demandes par les autorités de travaux dans le bâtiment (mise en place d'une sortie de secours) non suivies d'effet, ce qui a entraîné un enchaînement de contrôles et de relances sans que la mosquée ne se plie à la décision de justice. Une note des services de renseignement citée par l'hebdomadaire parle d'un «fondamentalisme de résistance», des «acharnés [qui tentent] de faire pression sur les pouvoirs publics en se maintenant illégalement dans leurs édifices religieux».
La mosquée de Consolat serait dirigée par l'imam Maamar, 45 ans, qui «attire jusqu'à 1 000 fidèles en se prétendant dans la continuité d'El Hadi Doudi», a expliqué Abderrahmane Ghoul, vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM). L'imam salafiste El Hadi Doudi avait été expulsé du territoire français en avril 2018 vers l'Algérie pour ses prêches radicaux à la mosquée As-Sounna, au cœur de Marseille. Un autre établissement religieux de la ville qui avait été fermé début 2018 sur demande du tribunal administratif, décision confirmée par le Conseil d'Etat qui expliquait que certains prêches d'El Hadi Doudi «légitimaient le djihad, la mise à mort des personnes adultères, des apostats et des mécréants».
15 000 euros d'amende pour l’association Consolat
Cet imam «n'avait pas formé d'héritier et depuis ils sont pourtant une dizaine à se revendiquer de lui, sans avoir sa formation», nuance toujours auprès du JDD Salah Bariki, qui avait été conseiller aux affaires communautaires sous l'ancien maire Jean-Claude Gaudin. Selon lui, ces successeurs «n'ont de salafiste que la barbe, ils font surtout de l'islam-business». Egalement cité par le journal dominical, le chercheur du CNRS Vincent Geisser estime qu'il s'agit d'«imams isolés qui créent des salles de prière puis vont chercher des soutiens financiers dans les pays du Golfe». Ce spécialiste de l'islam précise qu'en dépit des prêches salafistes, «ce ne sont pas des fabriques de djihadistes».
Les autorités n'ont néanmoins pas abandonné leur volonté de fermer la mosquée à Consolat. Après un nouveau contrôle en décembre 2020, le parquet de Marseille a engagé des poursuites contre Fouad Bennebri, un fidèle se décrivant comme «simple bénévole» mais désigné comme le gérant officieux par des témoins. Devant le tribunal correctionnel le 4 juin, il a écopé de 3 750 euros d’amende à titre personnel et 15 000 euros pour l’association Consolat pour refus de se plier à l'injonction de fermeture, la peine maximale dans ce type de cas, souligne une magistrate auprès du média.